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15 juin 2023

La Potence est pour demain (Hold Back Tomorrow) (1955) de Hugo Haas

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Les films qui commencent dans une brume épaisse valent toujours le détour. C'est une théorie qui en vaut une autre. Haas, dans ce drame mâtinée de noir, part d'une situation pour la moins originale et parviendra à réaliser une œuvre avec une grande économie de moyen. D'un côté, dans la brume donc, une jeune femme se retrouve sur un ponton et semble prête à se jeter à l'eau pour en finir. Elle saute... De l'autre, dans sa cellule, un étrangleur de femmes, attend le petit jour pour être pendu... A priori, les deux ne devraient pas devoir ou pouvoir se croiser au cours de la nuit... Et pourtant... Notre prisonnier, comme vœu ultime, souhaite passer la nuit avec une femme. On se dit, putain, il manque pas d'air, surtout quand on songe que ses dernières conquêtes, elles, en ont manqué... Mais voilà, il suffit d'un responsable de prison particulièrement empathique, et ses sbires d'aller à la recherche d'une femme qui acceptera ce drôle de challenge... Un drôle d'endroit pour une rencontre entre un homme qui se targue de n'avoir jamais pleuré et une femme qui se lamente de n'avoir jamais souri... Mais le temps d'une nuit, entre ces deux êtres au bout du rouleau (et lui, bientôt au bout d'une corde), tout est toujours possible.

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Le point de départ est, à l'image de ce criminel, particulièrement culotté... On se dit que les scénaristes d'alors ne se refusaient rien et on ne peut s'empêcher de faire une petit moue d'avance face à ce postulat assez incroyable... Et pourtant, dans cet espace pour le moins limité, entre ses deux êtres (doublement) fermés (au départ, il la jette, la trouve moche... Elle, elle encaisse, comme revenue de tout mais pas non plus prête à faire la conversation), Haas va parvenir à faire peu à peu monter la sauce ; Dora (la plantureuse Cleo Moore) s'engouffre dans toutes les fissures, dans toutes les fêlures de cet homme guère sympathique au demeurant. Joe (John Agar, pas toujours très juste quand il se laisse déborder par ses émotions mais ne faisons pas trop la fine bouche), une fois qu'il a déchargé toute sa colère contre la vie, contre la terre, contre l'humanité, trouve enfin une oreille, un oreiller, une Dora à l'écoute... On devine, certes, depuis le départ, l'issue "improbable" que pourrait prendre cette rencontre (on n'est pas des perdreaux), mais disons que Haas, sans chercher à vraiment dynamiter son espace (des flash-back très simplistes où n'apparaît que la silhouette, dans un décor nu, des personnes évoquées) parvient, tranquillement, à nous rendre presque crédible cette histoire proprement improbable (aucune personne ne monte vraiment la garde devant la cellule, il pourrait l'assassiner vingt fois...). Même si les acteurs ne sont pas des merveilles, même si le dispositif est léger (mais on aime assez cette sobriété chez Haas notamment, au début de l'histoire, quand on voit les envoyés du responsable de prison partir à la recherche d'une femme : Haas coupe le son, nous laissant deviner les paroles des policiers et nous laissant comprendre par la mine des femmes contactées leur refus), on se dit que cette petite pente douce humaine qui s'amorce chez ces deux êtres totalement désespérés au départ n'est pas si désagréable... Une petite chose qui part de loin mais qui parvient, avec trois quatre saltos scénaristiques (et un discours féministe assez fort, mine de rien, l'héroïne ayant pu déjà jugé du comportement pour le moins animal des hommes, la nuit) à retomber sur ses pieds. Haas hole, olé.

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