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12 octobre 2022

Les Filles (Flickorna) (1968) de Mai Zetterling

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Retour au cinéma de Zetterling avec ce film féministe de la plus belle eau : trois grandes et belles interprètes du cru (Bibi Andersson, Harriet Andersson, Gunnel Lindblom) qui, par l'intermédiaire de représentation théâtrale de Lysistrata, vont tenter de faire changer les lignes. Si le discours, frontal (on est en 1968, libérons-nous bordel), est parfois mis en scène avec quelques ficelles un peu voyantes (des scènes "imaginaires" qui ne font pas toujours dans la dentelle), on peut encore apprécier, cinquante ans plus tard, la partition courageuse et les prises de position de la blonde Bibi as Liz. Au départ donc, une scène peuplée de femmes (mais dirigées par un homme...) qui récite le texte très politique et éminemment féministe d'Aristophane : plus de sexe pour tenter de faire cesser la guerre. Chaque femme, lors de souvenir-flash-back, repense à sa relation plus ou moins contrainte avec les hommes de "leur vie" - gros nounours apathique, trader qui se prend très au sérieux, amant marié qui refuse de divorcer... Toutes ont un peu le sentiment de ne pas être totalement indépendante, à égalité... Bibi, à la fin d'une représentation, après s'être tapé un public quelque peu apathique au cours de la tournée (il vient au "spectacle" mais tilte-t-il vraiment, en particulier les femmes, sur la portée de la pièce ?), prend la parole et provoque le public : qu'en pensez-vous, réagissez, cessez ce mutisme pesant... Le public reste coi mais les journalistes, le lendemain, se précipitent vers la belle Bibi pour en savoir un peu plus sur ses "revendications"... La Bibi rêverait de faire bouger les lignes, et surtout de faire bouger les femmes. Mais la route est encore longue dans cette société de faux-semblant aux lourdes traditions...

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On peut convenir que certaines petites scènes issues de l'imagination de Bibi sont un peu démonstratives, tombent dans un symbolisme vintage un poil lourd... Mais au-delà de ça, la verve des trois actrices et certaines scènes marquent encore des points... On a certes fait des progrès depuis mais certaines postures phallocrates des hommes n'ont finalement pas tant "évolué" que cela... Si les prises de paroles de Bibi, devant ce public mou ou devant des journalistes plus soucieux du scandale que de la profondeur de la pensée de Bibi, demeurent d'une belle tenue, on peut aussi apprécier pleinement cette marche solidaire des femmes devant ces journalistes sur le recul ou ce strip-tease des femmes au cours d'une soirée devant des hommes changés en statues de sel : une mise à nu qui tente d'aller justement au-delà des clichés et prend par surprise ses hommes assis dans leur certitude. Mais on prend encore plus de plaisir devant ces scènes d'hommes entre eux (le discours terriblement misogyne de cet acteur devant une assemblée d'hommes moutonniers, ces quatre maris qui se gaussent des femmes quand elles ne sont pas là mais qui ne pourraient résolument pas se passer d'elles...) et on se dit que Zetterling trouve là un petit ton caustique très revigorant, un humour grinçant de circonstance tant ces mâles infatués d'eux-mêmes, ont des attitudes préhistoriques affreusement sexistes. Le film part parfois un peu dans tous les sens, la cinéaste mêlant passé, présent, fiction de façon parfois un peu "brusque", cassant un peu la dynamique du récit, mais il reste à mes yeux de vrais petits moments d'ironie mordante tout à fait appréciable et dont on aurait tort de se priver. Des filles intelligemment engagées. Et la lutte n'est pas terminée, qui plus est, loin de là...

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