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21 septembre 2022

Puika d'Aivars Freimanis - 1977

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Voilà un petit film letton qui nous arrive de derrière les fagots (et des conseils du précieux Frank Beauvais) et qui marque indéniablement des points pour peu que vous goûtiez le charme rural de la campagne d'autrefois, que vous soyez branché moissons et jeux innocents dans les champs, et que vous acceptiez la propagande soviétique alors à la mode en ces années-là. Il ne se passe strictement rien dans Puika, pas d'hélicoptères qui explosent ou de super-héros contraint de sauver le monde ; mais l'épure complète du scénario permet à Freimanis de nous montrer son petit territoire dans toute sa paisible grandeur, de se livrer à un vibrant hymne à l’authenticité de la campagne lettone, et d'enregistrer avec tendresse et précision une chose pas si facile à enregistrer : le passage du temps, le défilé des saisons. Le temps, en l’occurrence, qui défile sous les yeux d'un petit môme blond comme les blés, fils d'une famille soudée autour d'une poignée de maisons perdues dans le trou du cul du monde. Les grands-parents, les parents, un oncle, des personnages dont on fait vite connaissance lors d'un travelling circulaire d'ouverture parfaitement dosé. Une fois les présentations faites, c'est parti pour 90mn taiseuses autour du quotidien de ces gens de peu, soumis aux saisons, aux petits bonheurs et aux petits malheurs de l'existence : ça naît, ça meurt, ça tombe malade, ça s'abrite sous la pluie torrentielle ou ça cuit sous le soleil torride, ça fait la fête du village ou ça sort les rames quand la bouffe se fait rare, ça joue ou ça chante, bref ça vit dans le simple dénuement dans lequel le sort les a jetés.

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Freimanis, formation oblige, choisit de filmer tout ça comme un quasi-documentaire, le regard enfantin ne servant qu'à soutenir un peu plus la direction du film. Il montre la rudesse de ces existences, certes, l'indifférence parfois avec laquelle on encaisse les coups durs, mais il montre surtout la beauté de ces vies, avec des personnages au verbe rare mais dont la tendresse point bien souvent dans l’œil. L'oncle, surtout, merveilleux personnage, s'avère un homme bon sous ses mauvaises manières et ses bruits de bouche quand il boit sa soupe. Par plans longs, privilégiant les cadres d'ensemble qui englobent toute la nature, avec une grande attention portée aux animaux et aux rapports des hommes avec eux, le réalisateur nous offre une image assez édénique de la ruralité, de la nature qu'il envisage comme une entité cosmique, incarnée, charnelle. Le film est très beau, très agréable à regarder, et sa splendeur formelle occulte l'ennui qui pourrait poindre dans ces scènes longues et dépourvues d'événements. On pense aux Taviani, en plus doux, dans ce portrait d'un monde d'avant assujetti aux changements de climats et aux aléas de la vie. Un joli film, oui oui.

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