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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
7 octobre 2022

Juste sous vos Yeux (Dangsin-eolgul-apeseo) (2021) de Hong Sang-Soo

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Près d'une trentaine de films déjà en 25 ans de carrière et on ne se lasse pas de l'ami Hong qui parvient toujours, au détour d'une séquence au moins, à nous épater par son sens de l'écriture et par le jeu de ses acteurs. Ici, il s'agit simplement de suivre, le temps d'une journée, le retour au pays d'une femme entre deux âges (Lee Hye-yeong as Sangok), une ancienne actrice émigrée aux States... Un petit tour chez sa sœur, une petite saynète avec son neveu, un passage par sa maison d'enfance et une rencontre avec un cinéaste qui aimerait la faire tourner. Et le tour est plié. On aura droit au passage à une belle discussion entre deux sœurs, les joies des retrouvailles, mais aussi les tensions accumulées qui soudainement éclosent, à un petit parfum de nostalgie avec une Sangok qui se balade sereinement dans ce jardin puis dans ces anciens murs et puis bien sûr à la pièce de résistance, avec ce face-à-face entre un cinéaste (le roublard Hae-hyo Kwon) et une actrice qu'il adule : un plan-séquence interminable d'une vingtaine de minutes (un record chez Hong ?... je lance cela à la volée), une discussion où une information lâchée par Sangok tombe comme un couperet et remet tout en perspective.

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Alors oui, on passe par différentes émotions, par différents paysages urbains aussi (ces nouvelles tours immondes, ce café entouré d'une végétation phosphorescente en bord de rivière), par différentes petites annonces qui nous permettent peu à peu de mieux cerner cette héroïne qui flotte entre zénitude et fatalisme. Sangok, après une discussion à bâtons rompus avec sa sœur, où elle essuie sans trop réagir, sans chercher à mettre de l'huile sur le feu, quelques reproches, après des retrouvailles avec ce grand échalas de neveu où les éclats de rire un peu forcés le disputent à la maladresse des effusions, tente de retrouver un peu de calme et d'apaisement dans cette ancienne maison où elle est reçue très amicalement. On sent déjà que Sangok est un peu à l'heure des bilans sans trop encore savoir pourquoi... La nouvelle viendra à qui sait attendre au cours d'une discussion où l'on passe là aussi par toutes les émotions, des larmes de joie (les compliments du cinéaste envers Sangok lui font monter le rouge aux joues) aux rires contrits, malaisés, nerveux. Si le cinéaste cherche d'une certaine façon à séduire cette actrice en lui contant les souvenirs marquants qu'elle lui a laissés, il va vite se retrouver face à une information cruciale qui lui fera tomber les bras, les jambes et sa réserve... Les petits bonheurs d'une vie et son absurdité dans une assiette coréenne. Alors qu'on dérivait tout doucettement dans une certaine nonchalance alcoolisée purement hongienne, le cinéaste ouvre une petite trappe dans son récit qui le fait soudainement changer de voie (il prend, dirons-nous, un ton un plus solennel où les promesses explosent... sans grande conséquence d'ailleurs, comme s'il s'agissait ici de souligner les petits côtés absurdo-grandiloquents de la vie). Sangok, après un dernier éclat de rire qui fleure bon l'auto-dérision, pourra s'en retourner veiller tranquillement, sereinement sa petite soeur. Apaisée. Un Hong tout en douceur, maîtrisé, culminant lors d'un plan-séquence magnifiquement mené, sérieux sans jamais trop s'y prendre, une petite chronique qui traite de la vie comme de la mort avec une certaine légèreté badine. Tranquillement dans ta face. Un bon opus.   (Shang - 12/12/21)

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Même sentiment de mon côté : on dirait que, de film en film, Hong ôte de plus en plus, pour chercher l'essence même des choses, ou pour enfin trouver la pureté de son cinéma. Il n'y a presque rien dans ce tout petit film, et pourtant l'émotion y brûle façon pitite bougie. Hong sait mieux que personne capter l'ineffable, le minuscule petit machin qui va à la fois paraître d'une grande justesse et vous donner un petit coup au cœur : ici, pour moi, ce furent les pauses cigarettes que Sangok s'accorde de temps en temps. Deux surtout : quand elle passe sous un pont, pour fumer presque en cachette, loin de tout ; et quand elle fume avec le réalisateur, dans un plan qui cette fois, après la révélation, ne cache plus rien de sa sentimentalité. Un plan merveilleusement cadré, qui ferait presque penser à du Wong-Kar-Waï si Hong ne se méfiait autant du "beau" plan. C'est par les petites choses, les minuscules détails ("Oh une abeille !", et hop on coupe) que le film touche, et c'est étrange comme il arrive à le faire durablement, alors qu'on ne voit à l'écran que des scènes a priori banales. Il ne force jamais le spectateur à s'extasier ou à éprouver tel sentiment, il laisse faire la vie, dirait-on, et la filme telle quelle. Voilà peut-être pourquoi son goût pour le plan-séquence est si prononcé : il laisse le temps, l'ennui parfois, se dérouler, lui faisant confiance pour toucher. Un bien beau film, un bien beau personnage. Conquis.   (Gols - 07/10/22)

juste


 Hong Sangsoo - Winner of the Silver Bear for best Screenplay (2021) de Hong Sang-Soo

indexEn prime (ah oui, on rigole pas avec le principe des odyssées) cette petite chose de deux minutes où Hong, après un (long) mot de remerciement aux membres du jury de Berlin avec un accent à couper aux baguettes, nous livre une petite scène d'une minute mettant en scène... un escargot ; un escargot pour le moins incertain d'ailleurs mais finissant par avancer vaille que vaille... Un auto-portrait du cinéaste sur le ton de l'ironie ? Je vous laisse seul juge.   (Shang - 12/12/21)

Commentaires
A
je viens de regarder le dvd le "bonus" de la critique du monde et lu vos chroniques<br /> <br /> personne ne parle de la fin (la "critique" du monde oublie le dernier plan !) qui semble dire que Sangok n'est qu'une ombre faisant partie du rêve de sa soeur (celui dont elle ne veut pas révéler le contenu)
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