Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
29 novembre 2021

Les Poings désserrés (Unclenching the Fists) (2021) de Kira Kovelenko

vlcsnap-2021-11-30-12h54m06s213

Prix un Certain Regard à Cannes cette année, voilà un film âpre, de famille, de haine et de liens tangibles, comme on les aime. On est en Ossétie du nord (cela n'existe pas sur la carte) dans une bourgade aussi sexy qu'une jarretière de Régine - oui, c'est morose. On fait rapidement connaissance avec l'effarouchée Ada, victime d'un traumatisme par le passé qui lui a laissé des cicatrices au corps et à l'âme. Un personnage central que l'on va suivre de bout en bout et qui doit trouver sa voie entre quatre mâles aussi pressant que quatre murs ; il y a tout d'abord le père, barbu à l’œil chafouin qui la couve un peu plus fort qu'une mère poule : on sent qu'Ada est sa canne, sa possession, son dû ; il lui a d'ailleurs confisqué son passeport au cas où cette dernière aurait des envies de liberté ; il y a ensuite les deux frères, protecteurs, aimant, collant ; le plus jeune est resté au foyer tandis que le second, qui vit en ville, vient tout juste de revenir ; elle aimerait qu'il l'emmène dans ses bagages, mais c'est oublier la pression du père ; enfin il y a un chtit gazier pas vraiment costaud, mais gentil, qui lorgne sur l'Ada ; pas sûr qu'il ait les épaules pour devenir son fiancé mais il s'accroche... Ada, ou l'ardeur de pouvoir s'émanciper. Va-t-elle y parvenir ?

vlcsnap-2021-11-30-12h54m22s151

vlcsnap-2021-11-30-12h54m46s530

On est dans un climat tendu, dans une ville borgnole, avec des gens tout de traviole, dans un monde où les rapports humains semblent plus dictés par une certaine violence que par la tendresse. On sent dès le départ la main mise, littéralement, par ce père sur sa fille : tant qu'il décidera qu'elle reste, elle restera et elle n'a pas intérêt d'ici là à faire le moindre écart ; ce père, forcément, elle y est attaché, par "la force des choses" mais elle aimerait aussi pouvoir définitivement s'en détacher ; les aléas vont faire que ce père va connaître une petite faiblesse physique ce qui donnera lieu à une scène assez violente et forte entre cette fille soudainement sans filtre et ce père enfin muet... mais là encore, les liens familiaux demeurent... La relation avec les frères est aussi quelque peu ambiguë ; sans que l'on puisse parler d'inceste de façon claire et évidente, on sent que les deux brothers entretiennent un lien presque passionnel avec cette sœur qu'ils finissent par prendre dans leur bras (lors d'une soirée dansante aussi joyeuse qu'un pinson mort) à la limite de l'étouffement : l'attachement des uns envers les autres est indéniable mais les démonstrations d'amour ne sont jamais totalement exempt d'une certaine tension ; enfin il y a cet amoureux potentiel qui tourne comme une mouche autour de la réservée Ada : peut-elle, doit-elle se laisser aller auprès de ce joli cœur un peu tendre (et une scène d'amour pathétique, une !)... Outre ces rapports humains qui sont loin de respirer la candeur et la tranquillité, on assiste au sein de cette ville à des petits jeux, entre mâles, virils et sots : lacement de pétards, baignade nocturne qui vire à l'empoignade, rodéo en caisse dans la poussière... Tout cela instaure un climat pour le moins pesant et l'on sent qu'il faudra une grande pugnacité chez l'Ada pour pouvoir tirer son épingle du jeu. Film rugueux, interprété par des acteurs amateurs d'un naturel confondant, qui donne à voir une héroïne plein d'allant et de ténacité dans un monde de mâles un peu barbares et souvent barbants. Un film bien tenu, tendu, qui nous fait mordre la poussière. Mention bien.

vlcsnap-2021-11-30-12h55m08s525

Commentaires
Derniers commentaires