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1 décembre 2021

Chair pour Frankenstein (Flesh for Frankenstein) (1973) de Paul Morrissey

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Nouveau petit tour dans la bande à Warhol avec cette variation seventies sur Frankenstein... Si le film ne constitue pas en soi une grande réussite, il faut souligner un aspect pour le moins surprenant et presque drôle à la longue (malgré un ton sérieux comme la mort) : tout foire... Tout est en effet foireux, foiré, dans cette version du monstre Frankenstein : Udo (Kier, santé) est marié à sa soeur Monique (van Vooren), ce qui ne semble pas franchement le plus grave - ils ont deux beaux enfants, un peu portés sur le morbide, c'est vrai, mais quel enfant ne l'est pas ; Udo, avec son assistant qui ne sort pas franchement de la cuisse de Jupiter, essaie de constituer un couple, un mâle et une femelle, classique, avec divers morceaux (de corps, de membres, de tête) pour qu'ils enfantent à leur tour un gamin parfait (un Frankenstein aryen... ça sonne un peu bizarre...) ; forcément, notre scientifique va quelque peu se tromper puisqu'il choisit notamment au niveau de la tête du mâle non pas un étalon mais un type qui se destinait à devenir moine (ça va pas le faire au niveau de la libido...) ; de son côté, Monique, qui s'emmerde grave, se choisit justement l'étalon comme amant (Joe Dallessandro, de tous les combats) : elle pense, que ce pauvre hère va constituer le parfait esclave sexuel - elle se plante ; si le Joe aime la bagatelle, il va vite se lasser de cette Monique qui lorsqu'elle fait un 69 lui suce l'aisselle (j'invente rien)... Deux bourgeois, que dis-je, deux aristos, qui pensent pouvoir tout contrôler (les âmes comme les corps) et qui vont salement tomber sur un os ; le final, sans spoiler of course, est aussi sanglant qu'une scène shakespearienne où les échecs et les erreurs de chacun vont se régler dans le sang...

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Morrissey s'immisce dans le gore (on a des tripes et du sang bien rouge fluo), exhibe de la chair (plus ou moins fraîche), s'essaie à une certaine sensualité (Joe, toujours prêt à se taper tout le casting féminin) mais son film, ce qui est terriblement paradoxal au vu du sujet, manque affreusement de nerfs... Les acteurs, au-delà de leur accent anglais à couper au scalpel (qui paraît forcément un poil superficiel), semblent tous sous xanax et ce quelque soit leurss activité : quand le laborantin insère sa main ou son sexe dans des tripes, il le fait avec une morgue absolue ; quand la bourgeoise se tape son amant, elle le fait avec la joie d'un caniche mort... Tout est lent, lymphatique, mollasson, et les quelques éclats de sang, les quelques scènes d'organes exhibés, les quelques parties de jambes de l'air, n'amènent que peu de passion et d'action dans ce film somnambulique, frappé d'hébétude hébétée... Il faudra du temps pour que le Joe sorte de ses gonds, agissent, réagissent, comme s'il n'avait lui-même jamais vraiment été dans le rythme de la chose... du même coup, pris au piège de sa propre passivité, il ne pourra qu'être le témoin impuissant du carnage final... alors bon, pour tenter de trouver une excuse au bazar, il faut mentionner qu'il fut tourné pour une vision en 3D (d'où le relief de ces cicatrices purulentes et de ces diverses éventrations - on ne pourrait d'ailleurs pas en dire autant de l'érection très sage de Joe). Certes, le voir en vidéo diminue l'impact visuel éventuel... Mais tout de même, la chose, quoique sanguine, est affreusement pâle dans le fond et dans le forme et n'apporte pas grand-chose à la franchise du Frank. Triste chair.

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