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17 novembre 2021

Les Papillons de la Nuit (Yoru no chô) (1957) de Kôzaburô Yoshimura

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La nuit, les hommes (d'affaire) papillonnent et les patronnes de bar tentent de les attirer dans leurs rets. Yoshimura s'intéresse là à cette vie nocturne de Ghinza et à la rivalité entre deux femmes au lourd passé en commun : Mari (Machiko Kyô) est une ancienne de Tokyo, ses affaires sont fleurissantes mais elle voit d'un mauvais œil l'arrivée d'une certaine Okiku (Fujiko Yamamoto) comme tenancière ; en effet, cette dernière, il y a sept ans, lui a piqué son mari, la bougresse... Les deux femmes s'échangent des sourires contrits mais la bataille s'annonce entre elles féroce pour s'attirer la clientèle et chercher la protection d'un homme influent, Ichiro Shirosawa (Sô Yamamura, vieux, oui, mais digne). Alors que les soirées s'enchainent, que chacun, homme d'affaires, chacune, hôtesse légère, vaque à ses occupations, la tension monte entre les deux femmes... Chaque petite victoire de l'une ou de l'autre est de courte durée et les désillusions sont, elles, violentes... Jusqu'à la tragédie ? Oh quand même pas, si ?

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Yoshimura, avant de centraliser son récit sur ce combat à distance entre les deux femmes, prend un certain plaisir à nous plonger dans l'atmosphère des lieux ; par le biais d'un narrateur (un jeune type, ancien musicien, marqué et brisé par la guerre ; il est maintenant en charge du recrutement des hôtesses et flirte avec une tenancière - un type tout droit issu d'un film noir en quelque sorte), il nous fait naviguer d'un bar à l'autre, nous présentant les patronnes de ces lieux de divertissement et de pouvoir, nous détaillant les multiples invités fortunés, pour la plupart des businessmen qui continuent, la nuit, de faire la pluie et le beau temps ; le cinéaste ne s'empêche pas non plus quelques petits flash-back sur la vie des personnages principaux, des retours en arrière en noir et blanc qui donnent un peu de cachet à la chose... Tout cela est ma foi bien joli, assez ambitieux , même, dans cette volonté de multiplier les personnages, esthétiquement varié, mais avouons que le but de la chose reste un peu flou... Un narrateur que l'on perd quelque peu en route, des décrochages un peu brusques (que fait-on soudainement dans ce laboratoire avec ces expérimentations sur les lapins ? Ah, ok...), des conflits entre hommes d'affaire que l'on ne comprend que de loin, on ronge un peu son frein en attendant de voir où tout cela nous mène... Dans le dernier quart d'heure, Yoshimura resserre enfin son intrigue autour d'Okiku (une magnifique scène... de rupture ; le cinéaste soigne parfaitement ses cadres, ses gros plans en particulier, lors de cette discussion ultra-tendue entre les trois protagonistes... Et quand le désespoir et le pathétisme atteignent leur climax, cette pluie qui se met à tomber... très joli) et de Mari ; cette dernière pense remporter une victoire définitive sur sa rivale, mais c'est sans compter sur le sens de la vengeance de cette femme au sourire si doux ; le final est, osons, hitchcockien, avec cette course poursuite en bagnoles dans la nuit... Une œuvre qui nous rattrape in extrémis dans les derniers mètres mais qui peine un peu à nous satisfaire pleinement dans cette première heure très... atmosphérique.

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