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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
16 mars 2021

SERIE : Caïd de Claude Askolovitch - 2021

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Efficacité, coup de poing et crétinerie au programme de cette petite série enlevée, découpée en 10 épisodes de 10 minutes, et qui vous emmène dans le banlieue de Marseille, celle où les flics ne rentrent pas, celle où les gangs font la loi, celle où si t'as pas ton survet' à 50 ans t'as raté ta vie. Un duo de vidéastes aux dents longues (au travers desquels on croit reconnaître Matthieu Kassovitz au temps de La Haine) pénètre dans cette jungle hostile pour réaliser le clip du boss du tiéquar, un gars guère amène qui sort de tôle et a décidé de se ranger des voitures en faisant du rap. Bon, avant de vraiment refaire sa vie, il lui reste deux-trois bricoles à régler, notamment le bon fonctionnement de son trafic de drogue, le calmage de son pote de toujours légèrement sur des charbons ardents, et l'anéantissement du gang d'en face, représenté par un fou furieux drogué jusqu'aux cheveux et armé jusqu'aux dents. Il embarque nos deux Pieds Nickelés dans une sorte de voyage au bout de l'enfer, ceux-ci filmant en found-footage leurs aventures de plus en plus borderline. Au bout de trente secondes, on est déjà pris dans un chaos qui ne cessera jamais : chaos dû autant au fracas des armes qu'aux coups de gueule de tout le monde, hommes, femmes et enfants, pratiquant le "'sdeupute" et la menace verbale en escrimeurs. Aucun doute : le réalisateur connaît sa grammaire de série addictive, et vous balance de l'adrénaline à intervalles soigneusement pensés, pour vous faire avaler la série façon goinfre. Caïd est plein de bruits (pour rien) et de fureur, et entre les règlements de compte entre les clans extérieurs, les dissensions internes, la poursuite par les flics et la haute tension des trafics, on est servi au niveau de l'action. Un peu comme si Kassovitz, donc, était de retour, avec toute sa roublardise et son savoir-faire, pour injecter une dose de modernité en plus à son film initial ; cette modernité consistant en une fin de non-retour affichée dans ce regard sur la banlieue, devenue le lieu de toutes les horreurs et de tous les excès.

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Une fois le cœur calmé, cependant, on note que la série ne raconte pas grand-chose, et qu'on peut aussi la voir comme une vision un peu catastrophiste de notre société. Aucune issue en effet dans ce quartier, où toutes les générations sont embringués dans cet engrenage de violence, où tout ne se vit que dans la domination ou la pose, où tous les rapports sont réduits à qui a le plus gros gun. Ça n'est pas à Askolovitch qu'il faut demander une vision mesurée. Je ne sais pas s'il a raison, si la banlieue est vraiment devenue l’antichambre de l'enfer, mais on a un peu l'impression parfois d'une de ces émissions à gros spectacle où on suit des flics dans une zone de non-droit. Le plus gênant est que le réalisateur a l'air de trouver ça très fun, et surenchérit sans arrêt dans la violence, tout en faisant mine de nous juger de l’apprécier. La séquence de l'éducateur qui accuse les vidéastes de donner une vision trop négative de la banlieue pourrait tout à fait s'adresser au réalisateur de la série lui-même, c'est un peu l'hôpital qui se fout de la charité. Askilovitch utilise la brutalité (supposée) du quartier pour fabriquer un film d'action, certes très bien fait, mais dérangeant pour ça justement, pour ce qu'il l'utilise, sans discours dessus, sans réflexion. Caïd est donc à voir pour le fun de l'action et de l'adrénaline ; mais pour plus de morale et plus d'intelligence, on repassera.

x1080

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