Eating Raoul (1982) de Paul Bartel

Il n'y a rien de pire qu'une comédie qui se vaudrait drôle et qui ne déclenche que des rictus de douleur. C'est malheureusement le cas pour cet Eating Raoul, qui se voudrait sûrement une sorte de modèle d'humour trash à la Dupontel mais qui se crashe absolument à tous les niveaux. L'histoire, si vous insistez, est la suivante : un couple, Paul and Mary, aimerait devenir propriétaire du restaurant de ses rêves ; il vend du vin et vient de se faire mettre à la porte, elle est infirmière - pas de quoi mettre suffisamment d'argent de côté. Une idée alors germe : faire une publicité à caractère sexuel dans laquelle Mary est présentée comme dominatrices pour attirer le chaland puis tuer le chaland à coup de poêle - un Espagnol rencontré par hasard prend en charge les corps... Bon pourquoi pas ? Le seul petit souci à la chose, c'est que le côté caustique est foiré (Bernie savait donner des coups de pelle, au moins), le côté sexuel est lourd voire  parfois pitoyable (la décoration du salon à base de croix gammées, quel sens de la finesse), il n'y a pas de côté gore (surtout pas de sang, on veut de la mort propre, efficace, sans tache) ou encore moins de dialogues joliment écrits... On est effaré de bout en bout par les actions de ce couple qui multiplie les meurtres comme on enfile les perles à Tahiti et qui livre un des scénarios les plus bêtas de ces quarante dernières années... Tous les gags visuels tombent à plat, rien n'est crédible (on vole les victimes, on les met dans un sac en plastique, on vend leur voiture, la police n'existe pas, youpli youpla) et notre couple de se frotter les mains alors que l'argent s'accumule (puisque là réside, de toute façon, leur seul objectif) ; Mary trompe son mari avec l'Espagnol mais là aussi, c'est uniquement pour la forme, pour découvrir un sein au passage et hop, on passe rapidos à autre chose (un coup de poêle et on bouffe ce con d'Espagnol en paëlla - ah non, même pas, en sauce, quel mauvais goût, jusqu'au bout). Ratage complet.