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2 mars 2021

Désigné coupable (The Mauritanian) (2021) de Kevin Macdonald

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Kevin Macdonald nous vient du documentaire et a la réputation d'être plutôt droit dans ses bottes. C'est la moindre des qualités pour essayer d'évoquer la tristement célèbre prison de Guantanamo et les horreurs qui s'y passèrent post 11/09. Notre récit (roulement de tambour) se base sur des faits réels (aïe) et prend comme point de départ un Mauritanien, un jeune gars qui a comme pedigree, notamment, d'avoir un cousin proche de Ben Laden et d'avoir recueilli chez lui, en Allemagne où il poursuit ses études, un des futurs pilotes qui s'écrasa sur une des deux tours. Ni une ni deux, le type est un suspect et se voit transféré à Cuba. Interrogé par des civils, il nie toute implication. On passe alors à un second niveau, l'interrogatoire en mode militaire dont les méthodes sont cautionnées par Rumsfeld... On connaît malheureusement la chanson (on est plutôt sur du heavy metal) : à la fin tu finirais par avouer que tu fantasmes sur Hanouna... On prend le film quand notre cher Mauritanien (Tahar Rahim, notre Frenchy en pleine forme) est prêt à être traduit en justice (l'objectif du gouvernement : la peine de mort) ; pour le défendre, Jodie Foster, (une revenante, non ?), militante reconnue pour se dresser face au gouvernement depuis la guerre du Vietnam ; face à elle, un militaire aussi rigide qu'un cierge, catho à donf et également épris de justice. Les deux se battent pour avoir accès aux interrogatoires du Mauritanien sans qu'ils soient caviardés ou résumés de façon simplistes par la grande muette... Alors Tahar, sinon, finaud terroriste qui cache bien son jeu ou simple innocent pris dans la machine à broyer américaine ?

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Disons-le d'entrée, gloire à notre Tahar (nominé d'ailleurs pour un Golden Globe - en attendant les Oscars) dans ce rôle polyglotte où il se révèle particulièrement convaincant. La Jodie, qu'on avait pas vue depuis deux générations au moins, dans un rôle à la Meryl Streep, tenace et décidée, est également pas mal non plus dans le genre avocate bourrée de convictions. Macdonald peut se reposer sur ce casting solide pour alors évoquer cette période pour le moins trouble post-attentat. L'essentiel, pour l'heure, semble plus de vouloir punir, de se venger en quelque sorte, que de trouver forcément les bons coupables. Du coup, après une petite période de latence où l'on tente de trouver la vérité, on envoie les bulldozers pour bousiller tous les prétendus coupables qu'on a sous la main... Bien. Le cinéaste, après une première partie plutôt sobre, évoque forcément frontalement cette période de torture, de façon assez factuelle dirons-nous... Viendra ensuite le moment de vérité, la condamnation ou le soulagement... S'il paraît sain de s'attaquer à cette face sombre de l'armée et du gouvernement américain, on est un peu moins persuadé par cette petite démonstration qui consisterait à montrer qu'au final, la justice finit toujours par triompher... Même si la fin souligne qu'aucune institution ricaine ne s'est pour l'heure "excusée" devant les excès subis par des centaines de prisonniers (pour un nombre dérisoire d'accusés), cette petite pirouette du scénar qui tend bon an mal an à vouloir faire garder la face à la Justice est un peu difficile à avaler... (Et je ne parle pas de ce militaire "juste" qui cache un peu la forêt). Pour le reste, Macdonald s'en sort pas trop mal pour nous montrer les rouages de la justice américaine et pour détricoter cette histoire qui se perd en fausses pistes, qui s'égare en de multiples lieux. Un acte de "contrition" a minima qui arrive un peu tard, certes, et qui permet surtout (restons sur la forme) à Tahir et Jodie de trouver deux bons rôles à "prix". Honnêtement ricain, quoi.

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