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26 février 2021

Les Aventures d'Arsène Lupin de Jacques Becker - 1957

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Il n'y a pas que des merveilles dans l’œuvre de Jacques Becker, le bougre ayant visiblement dû répondre à quelques commandes pas très glorieuses en fin de carrière. Rien de honteux non plus dans cette adaptation bon enfant des aventures de notre Arsène national, on peut même dire que c'est nettement au-dessus d'Omar Sy. Mais on cherche un peu hagard des traces du grand cinéaste qu'il fut par le passé, et on se retrouve devant un simple divertissement pour public de dimanche après-midi, ce qui est dommage. Bon, les pièges de Lupin recèlent de toute façon assez de fun pour qu'on suive le film avec bienveillance, charmé même par ce côté vieillot du filmage, par ces interprétations bourrines des acteurs, par ce ton simpliste, par cette volonté coûte que coûte de nous amuser à bon compte. C'est Robert Lamoureux qui se coltine le rôle, et dès le départ on sent qu'il y a un problème : certes le personnage est charmeur et agile, rusé comme un renard et pas avare de conquêtes féminines, aussi bon dans la valse chaloupée que dans le dérobage de tableaux ou de bijoux ; mais l'acteur joue le personnage comme s'il était sévère, autoritaire, très hautain notamment avec les domestiques, très détaché finalement, et ça le rend immédiatement antipathique. Utilisant les gens comme des kleenex à jeter une fois son forfait accompli, traitant les femmes comme des moyens d'accéder aux trésors convoités, sûr de lui comme un connard, Lupin est malaisant, et l'acteur, avec son physique sec comme un couteau et ses postiches moches, en rajoute une couche supplémentaire dans le rejet qu'il inspire. Volontaire ou pas, cette interprétation du personnage, qui apparaît plutôt grande âme et fascinant dans les romans de Leblanc, paraît en porte-à-faux avec ce que le film raconte : les pièges pendables et inventifs d'un hors-la-loi tout de charme et de suavité.

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Becker raconte trois aventures du gentleman cambrioleur, et le film a des aspects "film à sketches", les différentes parties ayant du mal à s'enchâsser les unes dans les autres. Vol de tableaux en pleine soirée mondaine, vol de bijoux devant le joaillier lui-même, découverte de cachette sophistiquée dans la demeure de l'empereur d'Allemagne, ok on est bien chez Lupin, et l'audace du bougre (associée avec une certaine chance quand même, on a du al à croire que les personnages ne le reconnaissent pas derrière ses pauvres moustaches postiches) fait merveille. Il y a même un côté pop dans la dernière partie, avec cette cache sophistiquée à la James Bond ou cet enlèvement qu'on croirait sorti d'un film d'espionnage. Mais tout ça est filmé mollement, sans vraie envie, sans enjeu, sans nécessité. Le divertissement tourne à vide, obéissant à son mécanisme tranquille, ne trouvant jamais de respiration ou de style. Lupin en ressort comme une machine à voler les bijoux, dénué de passion, ses motivations restent obscures, ses pièges gagnés d'avance. Jamais il n'est mis en danger, jamais on ne tremble et jamais on est pris par un quelconque suspense. Bon, le film eut un tel succès qu'une suite fut tournée, je n'irai pas jusqu'à la chercher avidement...

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Commentaires
M
Ah oui, çui-là... <br /> <br /> Et Lupin doublé par Donald Duck, c'est difficilement audible en effet. J'avoue, n'ai jamais pu le voir en entier. Et si j'ai gardé patience, c'est vraiment pour la mignonne "Lise-Ôte-ton-pull-over" comme l'appelait Godard. <br /> <br /> Bon, mais quand on laisse une dizaine de chefs d'oeuvre à la postérité, et participé à quelques autres de Renoir, on a bien gagné le droit de nourrir sa famille avec une ou deux tartes, hein ? <br /> <br /> "Commandes pas très glorieuses de fin de carrière" , dites-vous... Vous pensez à quoi ? A part Ali Baba et ce Lupin, je ne vois, quant à moi, qu'une filmographie sertie de pures merveilles : Grisbi, Le Trou, et même Montparnasse dont le principal défaut est Gérard Philipe(comme toujours pénible).
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