Boules de Feu : depuis la Nuit des Temps (Fireball : Visitors from darker Worlds) (2020) de Werner Herzog & Clive Oppenheimer

(De) toujours plus loin, (de) toujours plus haut, Herzog nous livre un doc sur les comètes avec, à ses côtés, un grand spécialiste de la chose, Clive O. Les météorites, leur structure, leur texture, leur compositure, ces trous qu'elles laissèrent sur terre, ces futurs cartons qu'elles risquent de faire... Oui, on en apprend des choses sur ces morceaux de cailloux qui nous menacent ou sur ces poussières d'étoiles qui se déversent quotidiennement sur nous (deux bennes de camions, tu imagines ?) sans qu'on s'en rende compte (ben non, en fait)... Si Herzog n'est jamais mauvais pour nous faire découvrir des endroits du bout du monde (de l'Australie à l'Antarctique en passant par l'Alsace et l'île de Mer...), pour nous raconter des histoires sur les contes et légendes des autochtones, pour nous présenter des personnages qui sortent du cadre (ce spécialiste aux allures de cow-boy, ce père perché sur les étoiles...), il faut reconnaître qu'ici, tout l'aspect un brin didactique sur la composition de ces trucs tombés du ciel nous tombe un peu des yeux... Maintes discussions avec de grands spécialistes (toujours les plus grands, toujours les meilleurs) alourdissent terriblement ce documentaire... On sent que la seule chose qui intéresserait Herzog serait d'entendre affirmer que la vie sur Terre peut avoir des origines "extra-terrestres" (ce genre de paradoxe) mais à trop vouloir débattre d'hypothèses et de supposition, on finit par se lasser un peu... On sent que nos gars sont passionnés par le boulot qu'ils font, qu'ils sont même intarissables sur la question, mais dès qu'on rentre dans une partie un poil technique ou pointu, il faut bien reconnaître aussi que cela passe moins vite que la queue d'une comète...

On partait pourtant sur des discussions relativement intéressantes (le sens donné aux comètes à travers les âges, cette façon qu'ont eu les comètes d'entrer dans "l'Histoire", de façonner des croyances (la fameuse pierre noire de la Mecque en serait une, mais on va le dire doucement pour ne fâcher personne)), mais on quitte un peu rapidement ce champ-là pour faire le tour des "spécialistes du domaine" et le doc de devenir un simple reportage de National Geographic... comme si la petite patte herzogienne (pourtant l'auteur reste omniprésent en voix off et demeure toujours partant pour donner aux personnes interviewées des bonnes têtes de vainqueur ("Les amis de la comète" en Alsace ohohoh - doivent plus jouer aux boules et boire des canons que de lever la tête en l'air ceux-là...)) avait un peu tendance à se diluer, un ton un peu trop sérieux finissant par prendre le dessus sur l'aspect "extatique", "incroyable", mystérieux... On passe des plombes notamment avec ces types qui surveillent le ciel en cas de chute de météorites (les premiers prévenus ce sera eux !) mais toutes ces petites explications techniques finissent par tuer son homme... Adepte de plus en plus du drone, il est indéniable qu'on a encore droit à des images qui pètent (ces cratères vus du ciel, cette "battue" à la météorite en terre antarctique...) mais avouons que sur un sujet aussi foudroyant on s'attendait à un peu plus de magie... Herzog a beau nous présenter la fête des morts au Mexique ou ces danses tradi sur l'île de Mer, on a souvent l'impression que ces passages sont là uniquement pour remplir le cahier des charges, pour donner au spectateur sa petite dose d'exotisme obligée : manque une certaine "spontanéité", une vraie magie de la rencontre et de la surprise. De bien belles images mais un petit ton caustique herzogien sur le sujet qu'on eut aimé entendre plus souvent. Quelques étincelles mais une digestion un peu lourde (c'est ce qu'on appelle une métaphore filée, on peut éventuellement apprécier).

Tout Herzog