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19 novembre 2020

À cause d'un Assassinat (The Parallax View) (1974) de Alan J. Pakula

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On a un peu tendance à prendre le gars Pakula de haut alors que ce Parallax View exceptionnellement mis en images par Gordon Willis coche toutes les cases du bon vieux film politico-complotiste des seventies. On ne va pas dire que le film soit purement melvillien (d'autant que pour certains ce n'est pas forcément un gage de qualité...) mais le fait est que Pakula, à l'aide de grandes plages tout en images avec un dialogue a minima (en particulier lors de la dernière partie), trousse un suspense relativement tendu ; deux mots sur l'histoire tout de même : le journaliste casse-bonbons Warren Beatty (ce type est une honte pour tout coiffeur qui se respecte, même dans les seventies) est sur une piste pour la moins explosive : un sénateur a été assassiné (par un simple fou, c'est en tout cas les conclusions de l'enquête) mais il se trouve que la plupart des personnes présentes lors de cet assassinat disparaissent prématurément, les unes après les autres : étrange - des accidents, des AVC, des morts subites, quoi... Sceptique, Beatty l'est, mais il ne va pas tarder à mettre le doigt dans l'engrenage, mettant sa vie de plus en plus en danger... Pour aller jusqu'au bout de son enquête, il tente de se faire recruter par une mystérieuse organisation, Parallax, qui semblerait non seulement tirer sur le gens mais surtout sur les ficelle de cet imbroglio, que dis-je, de ce scandale politique mené dans l'ombre... Beatty peut-il viser le Pulitzer ou la petite souris risque-t-elle de s'être engagée dans un piège bien trop complexe pour elle ?

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C'est sans doute un peu brouillon au départ, même un poil laborieux (Beatty qui fourre son nez partout, pris de haut même par son rédacteur en chef qui lui demande de prendre du recul...) mais les pièces du puzzle vont peu à peu se mettre en place pour dévoiler l'étendue de la conspiration. Pakula va nous servir quelques scènes pour le moins grandioses pour faire de notre héros un petit insecte qui risque fort de se brûler les ailes au soleil. Beatty enquête sur les disparitions prématurés des témoins, tente de joindre les derniers témoins encore vivants de cet assassinat qui a ouvert le film et va se retrouver dans des situations de plus en plus dangereuses : après une petite baston dans un bar en guise de mise en bouche (les fenêtres et le mobilier sont détruits), on assiste à une première scène pour le moins impressionnante au bord d'un gigantesque barrage ; le petit poisson Beatty parvient in extremis à ce sortir de ce piège mais cela marque le début de coups d'éclat qui vont de plus en plus lui roussir sa chevelure : un avion avec une bombe à bord, un bateau piégée, le malin Beatty risque fort, à chaque occase d'y laisser purement et simplement sa peau... L'ultime séquence dans cette tour monstrueuse, dans cette immense salle où un sénateur a prévu de faire le show, renforce cette impression d'un héros pour le moins malicieux, qui sans faire de bruit fait son petit bonhomme de chemin, mais qui risque bien de tomber sur des forces obscures qui le dépasse, à l'image de ce décor magnifiquement filmé... le piégeur piégé, on connaît... Y a-t-il malgré tout, pour les êtres audacieux, une échappatoire possible ? La question est posée... Alors bon, je ne vais pas vous la faire à l'envers, ça reste du polar seventies avec personnages un peu figés et rebondissements un rien téléphonés. Il n'empêche qu'on adhère malgré tout au parcours de cet être qui faisait certes au départ un peu le mariole mais qui trace de façon pugnace son petit bonhomme de chemin en silence, en marge. Les décors semblent l'écraser de plus en plus mais il garde la foi, petit journaliste qu'il est, contre les forces du mal qui s'agitent dans l'ombre. Les ficelles sont un peu grosses mais il est indéniable que Pakula, en cours de route, parvient à nous servir quelques plans marquants (l'ouverture du barrage, le bateau qui navigue paisiblement sur l'eau jusqu'à ce que, la petite voiture de golf qui renverse une table...) dans cette histoire qui vire à l'aigre. Franchement pas si mal.

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