Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
7 septembre 2020

LIVRE : Saturne de Sarah Chiche - 2020

"J’ai de la peine pour cet art avec lequel les adultes mettent à mort leurs propres enfants."

CVT_Saturne_5417

Un petit roman autobiographique, chiche ? Chiche. Alors oui, on connaît le principe par cœur, l'essentiel n'étant pas forcément dans l'originalité du thème (famille, je vous) que dans la façon de le traiter. On a heureusement chez Chiche une romancière à l'écriture concise, précise, qui tente, en radiographiant son histoire personnelle, l'histoire des siens, de faire le point sur elle-même - ses troubles, ses regrets, ses espoirs... Et c’est très prenant. Un père disparu très tôt, une mère aux mœurs très libres, une famille (très sclérosée) de responsables hospitaliers et de médecins de père en fils, ce sont les axes autour desquels tourne ce livre qui tente de faire un compte-rendu de toute cette histoire familiale... De l'Algérie des années 50 à l'arrivée en France après l'indépendance, des tensions entre deux frères (son père et son oncle) à celle entre son père et le reste de la famille, Chiche s'essaie à reconstituer les temps forts (cette réussite économique indéniable (et forcément louable) de ces "constructeurs d'hôpital"° et les aspects plus merdiques (un fiston mis au ban de la famille pour ses fréquentations amoureuses (une passion, réelle, exista entre ses parents - entre coups de foudre, coups de cœur d’un côté et affection et opportunisme de l’autre... : une histoire chaotique de rejet et d'acceptation). On a un peu peur au départ de tomber dans des mésaventures vues et revues, dans des apitoiements typiques d'écrivain(e) à jamais traumatisé, etc... Ce n'est pas le cas ici, Chiche semblant trouver toujours la bonne distance, les mots justes, pour à la fois évoquer les tourments de sa vie et faire preuve d'un minimum d'autocritique sur son propre comportement. Comme toute histoire de famille qui se respecte, il y a les choses tues, les règlements de compte, les hontes, les réconciliations, les séparations et Chiche, sans chercher à s'épandre sur des milliards de pages inutiles, parvient à cerner avec un certain recul et une véritable acuité les petits travers et les qualités certaines de ses proches, traitant aussi bien l'aspect "romanesque" (cette fuite d'Algérie, ce château familial) que les côtés plus morbides (ces morts qui s'enchaînent) ou pour le coup moins reluisants (cette famille "jugeante", cette mère aussi belles qu'infidèles). Chiche, par le biais de sa propre histoire, touche bienheureusement à des thèmes universels et le fait souvent avec une très grande justesse, qu'elle évoque la force des liens intergénérationnels ou les traumas comme les souvenirs fantasmés qui en découlent. Un livre qui tourne rond, solide, maîtrisé.   

Commentaires
Derniers commentaires