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1 mai 2019

LIVRE : Les Enténébrés de Sarah Chiche - 2019

9782021399479_1_75Plutôt touffu ce roman de Chiche qui nous emmène dans deux directions principales : ses antécédents familiaux un peu olé-olé et son adultère... Vaste programme dans lequel tout un chacun pourrait volontiers s'identifier pour peu qu'on ait connu parmi ses proches des gens bipolaires (antarctique, arctique) ou pour peu qu'on ait entretenu deux liaisons en parallèle - mais, oui, allez-y, souriez... Le moins qu'on puisse dire c'est que cette auto-fiction / autobio (on s'y perd, tout le monde se roulant dorénavant dans le genre) convie quelques personnages hauts-en-couleurs / détestables / égoïstes / dominants (…) qui font frémir... Sarah semble être l'ultime descendante de toute une généalogie féminine totalement folle (pas fofolle, folle, réellement, jusqu'à l'internement), les mâles ne s'en sortant guère mieux - un père sorti des camps, aventurier et pédophile, aussi, accessoirement si l'adverbe n'est pas trop faible. Oui, plus Chiche fouille dans ce lourd passé familial, plus les anecdotes "croustillantes" font grincer des dents... Pas facile, forcément, de se construire sur un tel sable psychologique, de ne pas se sentir condamnée à suivre à l’avenir la même pente... L'écrivaine et psychologue marche sur des œufs pour évoquer ses propres relations sentimentales avec sa fille (tout va bien, si, si) ou avec son homme (tout va bien, si, si) : il n’est pas forcément facile de se définir comme quelqu’un d’équilibré quand l'arbre généalogique fait la part belle à autant de déséquilibrés... Ces plongées dans le passé sont souvent noires, s'accompagnent d'expériences plus ou moins ardues sur des lieux qui remuent un passé trouble (cet hôpital en Autriche pour enfants atteints de maladies mentales, enfants qui furent "massacrés", tués de façon barbare (difficile de trouver les mots justes) pendant la seconde guerre mondiale) ou qui s'agitent au présent (l'arrivée d'émigrants par train dans la Vienne d'aujourd'hui). Oui, les histoires de Chiche remuent, qu'elles concernent son intimité ou l'humanité...

Parallèlement donc, Chiche conte une histoire passionnelle avec un violoncelliste un tantinet âgé... Comme toute passion, cet amour est déchaîné, incontrôlable, sexuel, intellectuel, destructeur. On sent que Chiche s'avance sur un terrain miné et qu'elle risque, après avoir réussi à tout contrôler dans sa vie, d'exploser à tous les points de vue... Une mise en difficulté personnelle à perdre la raison, on voit bien le lien entre les deux récits. Pour être tout à fait franc, on se perd parfois un peu dans cette histoire familiale, ayant parfois du mal à reconnaître qui et qui et ces très très longues parenthèses historiques nous font quelque peu perdre de vue le fil rouge de sa vie, à savoir cet adultère qui devient de plus en plus difficile à cacher, à maitriser, à assumer. Outre cette impression parfois de se faire un peu larguer en route (on aurait peut-être pu, dit-il en tant que faux éditeur, un peu tailler ici ou là), on reste assez scotché par cette capacité qu'à Chiche de fouiller au tréfonds de son histoire et de l'Histoire pour faire ressortir tout le manque d'humanité (mais aussi parfois l'humanisme de ceux qui se vouent au devoir de mémoire - ce qui justifie d’ailleurs sa propre existence tout en constituant une véritable plaie ouverte) dont ces chers ancêtres, loin d'être exempts cela dit de toute sensibilité, furent capables. Touffu mais avec des beaux accents de vérité qui nous font souvent toucher du doigt la partie sombre de nos frères humains.

Commentaires
C
[...] "lourd passé familiale" sans "e", siouplé.
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