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15 juillet 2020

Visage de Femme (En kvinnas ansikte) (1938) de Gustaf Molander

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Cukor en fera un remake trois ans plus tard (A Woman's Facemais intéressons-nous pour l’heure au visage d'Ingrid Bergman. On connaît donc l'histoire (ah ben si), celle d'une femme défigurée, maître-chanteuse, dans l'ombre, qui suite à une opération aura l'occasion de retrouver son visage intact. Seulement voilà, si l'extérieur avait déteint une première fois sur l'intérieur, l'opération sera-t-elle possible une nouvelle fois ? En d'autres termes, Ingrid va-t-elle s'engager sur la voie de la rédemption, passer de l'ombre à la lumière, aussi bien sur un plan physique que morale. L'idée forcément est assez bonne et permet de jouer aussi bien avec les jeux d'ombres (Bergman osant à peine se montrer, restant tapie, à l'affût, comme une méchante bête) qu'avec la lumière (celle qui se reflète sur la neige alors que la Bergman s'ouvre au monde, à l'affection comme à l'amour)... Ce passage, s'il se fait, ne laissera-t-il pas toutefois des traces sur la conscience de notre héroïne ? C'est la question que je vous pose.

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Il faut tout de même au départ être assez courageuse, en tant qu'actrice, pour se montrer sous un profil aussi laid. Bergman se défigure mais endosse également un rôle peu glorieux dans le fond : elle est tout de même, au départ, censée tuer un gamin pour qu'un de leur client touche l'héritage de son oncle fortuné... Non seulement, elle est le cerveau du groupe de truands prêts à tout pour se faire de la thune, mais elle n'hésite pas à se faire engager comme préceptrice du gamin en culotte pour effectuer elle-même le meurtre. Bergman, la moitié du visage massacrée, fait, dans un premier temps, parler sa gouaille (elle te mène les hommes à la baguette) puis sa dureté glaciale quand elle rencontre le gamin. On se dit que la bougresse, sous ses petits airs d’ange, possède bien un côté sombre et qu'elle devait, au besoin, ne pas toujours se montrer super commode... Sa "tâche" physique et morale va donc tenter de s'estomper avec le temps, notre amie Ingrid redevenant peu à peu humaine - mais cela ne se fera point sans un incident où, au bord du gouffre, elle confessera son passé et sa malveillance... Molander, après une première partie en huis-clos, ouvre son film (comme Ingrid) sur le monde et nous offre quelques jolies petites balades en rase campagne. Le climax a lieu lors d'une petite sortie en traineau festive, alors même que l'un des chevaux s'emballe - un peu d'oxygène et de rythme qui ne nuit pas au film. Le final, beaucoup plus apaisé, sera le moment des bilans : Bergman aura le courage de ne pas faire table rase de son passé et se verra offrir une troisième voie, comme pour racheter sa faute - c'est plutôt bien vu dans l’idée. Le film en lui-même manque parfois un peu de nerfs, de personnages forts (le mari potentiel de Bergman aussi charismatique qu'un traineau, les bandits qui l'entourent aussi effrayants qu'une mouche malade) mais la présence de Bergman et la petite parabole en fond suffisent à donner un pointe d'intérêt à la chose. Une nouvelle facette, indéniablement, du talent de notre Ingrid.

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