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14 juillet 2020

Histoire de la Violence de l'Underground japonais : le Sang de l'Homme étrange (1967) de Kôji Wakamatsu

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Même pas la place de mettre le titre original Nihon bôkô ankokushi : Ijôsha no chi. C'est chose faite. Wakamatsu, l'homme qui tourne plus vite que son ombre, nous offre un opus, qui, une nouvelle fois, avec un minimum de moyens, nous offre une histoire assez ambitieuse, couvrant l'histoire d'une famille où l'on est violeur de père en fils, remontant de l'ère Meiji (fin du XIXème) aux années 60. Une tare, indéniablement, dont voudrait se débarrasser le héros de l'histoire, un détective sans concession qui semble lui-même avoir reçu en héritage ce fameux "sang". Il retourne dans son village d'enfance et nous conte par le menu toute l'histoire du premier violeur jusqu'au dernier, un jeune gars qu'il a lui-même pris la main dans le sac. Comment se fait-il qu'il soit autant au courant de cette histoire à travers les âges ? Tout simplement parce qu’il est le père (caché) du dernier violeur en date. Il est pour lui grand temps d'en finir et sa solution s’avèrera pour le moins radicale...

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Dès la seconde séquence (une jeune femme qui court seins nus dans la rue), on est dans le bain de ce récit de sexe et de sauvagerie. Le dernier jeune violeur pris la main dans le panier est le dernier rejeton d'une longue lignée coupable de faits divers glauques : viol en pleine campagne, seigneur se prenant pour un loup-garou assassinant ses victimes après avoir abusé d’elles… De multiples histoires de sexe et de sang ont émaillé ce dernier siècle et à chaque fois le même sang circulait dans ces mâles malades. Des bâtards, des liaisons incestueuses, Wakamatsu, sans tabou, nous livre un petit historique édifiant de cet arbre généalogique aux racines pourries... Au départ, il y eut la vengeance d’un type humilié (il vivait dans une écurie…), une vengeance, par rapport à ses bourreaux et leur compagne, sexuelle et sanguinaire – et l’histoire, de père en fils, se répétera au fil du temps... Des individus masculins fourbes, dominateurs, sans foi ni loi, qui seront la plupart du temps punis pour leurs méfaits... Mais il suffira d'une petite graine laissée dans le corps d'une femme, pour que l'histoire se répète à la génération suivante, comme si une malédiction planait à jamais sur cette lignée. Wakamatsu alterne les séquences en noir et blanc et en couleurs, on sent que la pelloche a un peu morflé au fil du temps, mais il y a toujours cette incroyable efficacité qui se dégage de son récit (concentré en 70 minutes), cette énergie indéniable qui agite ce cinéma de l'underground... Oui, il y a quelques parties du corps féminins qui sont découvertes mais on ne sent pas franchement de voyeurisme dans ces images-là ; le fond du film se résume bien à la question suivante : comment mettre fin à cette violence destructrice ? Des coups de sabres, des suicides et un final qui va droit au but, résolvant l'histoire en deux coups de cuiller à pot. Deux autres opus de cette Histoire de la Violence de l'Underground japonais existent, nous nous y vautrerons avec toujours un certain plaisir tant ce cinéaste film au plus droit, avec un sens de la narration et des images chocs unique.

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