The Beales of Grey Gardens (2006) de Albert Maysles & David Maysles

Suite au succès de Grey Gardens trente ans plus tôt sur les deux "enfants terribles" de la famille Bouvier, les frères Maysles fouillent leurs archives et proposent 90 minutes de bonus. L'occasion de retrouver Big Eddie et ses poèmes et Little Eddie et ses tenues excentriques. Le moins qu'on puisse dire, une nouvelle fois, c'est que les deux femmes ne s'embarrassent point de quelconques convenances, bouffant de la glace dans leur lit, s'accoutumant des visites des ratons laveurs par les trous de leurs maisons, racontant tout ce qui leur passe par la tête. Si la vieille est assagie, s'occupant des chats, vivant presque exclusivement dans son lit, la Little Eddie est une fois plus pleine bourre, osant les arrangements vestimentaires hauts en couleurs de pin-up alors qu'elle n'a plus vraiment l'âge, se lançant dans des vocalises qui rendraient sourd un ragondin et exécutant des danses de majorette qui finissent par faire un peu peur (eh bing, la table, normal). Cash, franche, directe, Eddie flirte avec les deux frères comme pour essayer de retrouver, sans illusion, sa jeunesse perdue ; on se demande souvent si elle n'a pas un peu un pète au casque, quand même, tant elle parle et parle pour ne pas dire grand-chose - libérant, c'est le moins qu'on puisse dire, la parole... Des "icones de la contre-culture", les deux Bouvier ? Mouais, surtout deux femmes qui tentent de vivre de façon excentrique, enfin surtout bordélique, en souvenir d'un autre temps... Quand la maison prend feu au premier étage, personne ne se demande vraiment comment cela a bien pu commencer ; on crie, on met des couvertures, on lance de l'eau et puis une fois que cela est éteint on passe à autre chose... Les deux frères Maysles n'ont pas besoin de faire grand-chose pour que le spectacle se mette en branle sous leurs yeux : action et voilà l’Eddie qui part au quart de tour. Deux figures qui semblent datées d'une autre époque, voire d'une autre planète, qui font leur show en n’ayant rien à foutre de ce que peuvent bien penser leur entourage. Un portrait (bonus) sans filtre de deux femmes "déchues" mais toujours diablement vivantes.