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29 juin 2020

The Bergman Trilogy / Bergman Island (Bergman och filmen, Bergman och teatern, Bergman och Fårö) (2004) de Marie Nyreröd

Bergman et les films

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Bergman revient sur sa carrière : les premiers pas comme scénariste (Tourments) avec cette histoire autobiographique d'un prof quelque peu autoritaire, les premiers pas derrière la caméra (Crises) et l'échec autant critique que public qui lui laisse peu d'espoir pour la suite de sa carrière, sa rencontre avec Sjostrom, reponsable du studio, qui lui fait une petite leçon de savoir-vivre (Bergman s'étant vite fait une mauvaise réputation auprès des techniciens et des acteurs), sa rencontre avec un producteur qui parie aveuglément sur lui et permet à Bergman de tourner, le succès international de Sourires d'une Nuit d'été et sa présence à Cannes (sans que Bergman, au départ, soit au courant...) qui font décoller sa carrière et lui permettent de tourner un sujet (moins sexy) refusé jusque-là (Le septième Sceau, of course), le retour sur le tournage des Fraises sauvages avec un Victor Sjostrom vieillissant tout chafouin devant Bibi Andersson, l'évocation de ses deux films les plus aboutis, les plus originaux que sont Persona et Cris et Chuchotements, le tournage joyeux de Fanny et Alexandre ou encore, dernièrement, celui de Saraband où on voit que notre cinéaste n'a rien perdu dans la précision de sa direction d'acteurs... Une carrière proprement hallucinante sur laquelle il revient en un peu moins d'une heure avec, en insert, quelques extraits des films et des images volées sur les tournages (où l'ambiance semble être relativement à la coule). S'il y a certaines choses qu'il regrette, ce serait de ne plus avoir eu de producteur auquel montrer ses films et en discuter, une fois qu'il eut une totale autonomie pour le montage de projet (eh oui, un regard extérieur est forcément toujours stimulant) et surtout, maintenant qu'il a mis fin à sa carrière cinématographique, de ne plus avoir ce rapport privilégié qu'il avait sur ses tournages avec l'incontournable Sven Nykvist, son chef op préféré. Un passage en revue un peu rapide, certes, qui permet de voir cette figure désormais légendaire revenir en toute humilité sur ses échecs et ses succès (les deux oscars raflés de suite...). Cela donne forcément envie de revoir certaines oeuvres (et dieu sait qu'avec l'ami Gols on a déjà passé des heures sur sa filmo...) et d'en apprécier encore et toujours toutes les petites subtilités esthétiques et psychologiques. Jamais marre d'Ingmar.

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Bergman et le théâtre

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Bergman et le théâtre, une histoire d'amour plus forte que celle avec le cinéma, sans aucun doute, il n'y a qu'à voir sa difficulté, à la fin de cette partie, à dire qu'il ne mettra plus jamais en scène une pièce... Il est question, également ici, de son ascension fulgurante dans ce milieu (directeur d'un théâtre à 26 ans, le plus jeune directeur d'Europe à l'époque), accédant au poste ultime de directeur du Théâtre Dramatique en moins de temps qu'il ne faut pour le dire ; on le voit, dès cette époque, afficher sa volonté de rendre le théâtre accessible à un maximum de gens, n'y allant pas par quatre chemins pour évoquer la passivité de la population vis-à-vis de la culture. Un Bergman surproductif (il pouvait monter jusqu'à 6 pièces par an, tourner deux films, sans parler des émissions radio ou télé) qui n'hésite pas à sacrifier un mariage pour se consacrer à sa passion. Il parle avec une grande tendresse des acteurs, un peu moins des critiques (son petit coup d'éclat lorsqu'il en secoua un avec vigueur) ou encore de sa familiarité avec Strinberg (dont il acquit toutes les oeuvres très tôt - une bien belle collection - lorsqu'une de ses tantes nanties lui donna de la thune). On suit son parcours en Suède, puis en Allemagne (suite à de petits problèmes d'impôts) et son retour en Suède. On aborde également dans ce chapitre ses productions pour la télé et notamment cet épisode dramatique et autobiographique au départ de Scènes de la Vie conjugale - il confesse, littéralement, ses petits écarts personnels qui alimentèrent sa production. Rien ne se perd. On sent que dès son plus jeune âge (comme on le voit dans Fanny et Alexandre), il aima jouer avec des figurines, dans son petit théâtre en bois et qu'il n'a fait, toute sa vie, que demeurer dans la continuité avec des "objets" animés, ces acteurs sans lesquels aucune pièce n'a de valeur. Le plus grand des marionnettistes ? Possible.

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Bergman et l'île de Fåro

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Ingmar est bien vieux et bien aimable et nous reçoit chez lui, au coin de sa cheminée immense qu'il a lui-même conçue (après la vision d'un film russe...) et auprès de laquelle il peut s'allonger les pieds au chaud. Une maison faite sur mesure dans laquelle il se confie à la discrète Marie Nyreröd. Il est question de son affection pour sa mère, une affection par toujours partagée, du caractère rugueux de son pater ou encore du plan du meurtre élaboré avec son frère sur la dernière née - la jalousie, dès quatre ans, c'est ce qui fait d'Ingmar un homme d'expérience en la matière : un passage raconté dans les détails qui demeure assez glaçant quand on y songe. Ingmar évoque aussi bien son enfance (et une expérience traumatisante dans une morgue) que de la mort, une mort qui l'obséda tout au long de sa vie mais dont il parle avec une grande lucidité pour ne pas dire avec une certaine "philosophie" ; l'essentiel semble pour lui de retrouver sa dernière femme, Ingrid Bergman, la sienne (oui, pas l'Ingrid Bergman de Rossellini), un espoir qui le rend relativement joyeux (si, il y a un léger rictus, là). Il avoue volontiers, après une question sur sa vie privée (ses femmes (5), ses aventures avec ses actrices), qu'il ne s'est jamais franchement passionné pour la vie de famille, "abandonnant", même, les uns après les autres, ses enfants (9, tout de même) ; une matière, somme toute, que l'on retrouve dans ses films. Il en parle d'ailleurs sans trop d'affect, et le petit dessin d'un diable qui accompagne ses signatures, semble parfaitement convenir pour résumer ce petit côté guère "classique" de cet homme de création. Plutôt que d'évoquer Dieu (autre thême récurrent dans ses films), il parle de la sainteté propre à chaque individu et cette capacité, des artistes (en particulier des musiciens) comme des prophètes, à nous faire parvenir, à nous faire concevoir d'autres mondes. Il achève cette discussion plus "personnelle" (où l'on sent, malgré quelques hésitations, une véritable franchise dans sa façon de se confier), en parlant des démons : démons qu'il en a lui (sa capacité à "ordonner", son côté irascible - on n'ose imaginer ce visage aux longues oreilles se mettre en boule !), démons responsables aussi bien de ses défauts que de ses qualités (cette impétueuse envie de créer pour échapper au vide, au rien). Jolis petits instants d'intimité sur le tard, loin de tout fard. A Fårö, l'île aux paysages bruts et beaux, à l'image de cet esprit tortueux et génial.

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