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25 juin 2020

Chevauchée avec le diable (Ride with the Devil) de Ang Lee - 1999

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A l'exception notable de Clint Eastwood, le western des années 90 ressemble à une longue purge, comme si les Ricains avaient oublié leurs traditions et ne savaient plus produire que des ersatz, n'arrivaient plus à réunir que des lambeaux de ce genre jadis florissant. Ang Lee, dont le statut d'immigré pouvait efficacement renouveler l'imagerie du genre, se pique de s'attaquer à la chose, et réalise un western erratique, chiant comme la pluie, 6 ans avant de l'envoyer se faire foutre corps et bien avec Brockeback Mountain. Il s'attaque pourtant à la chose avec beaucoup de conscience, et tente de questionner l'Amérique dans ses plus basses tendances. Son film se passe durant la guerre de Sécession, et prend pour héros un Sudiste, lui-même immigré allemand mais complètement acquis à la cause de son camp, racisme y compris. Jake Roedel (Tobey Maguire, autant taillé pour être cow-boy que moi pour être dans Rocky 5) sillonne le pays en assassinant avec sa bande ses ennemis jurés les unionistes nordistes. Mais au départ brutal et sans pitié, notre homme va apprendre au cours des 148 minutes (je répète : 148 minutes !) du métrage la tolérance et la sagesse ; surtout au contact de Daniel Holt, ancien esclave noir émancipé en quête de liberté totale, qui va s'avérer être le meilleur des compagnons d'arme malgré les a priori de Roedel.

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On le voit : les racines de Lee parlent dans ce film qui s'intéresse moins aux scènes de violence qu'à la lente, très lente, très très lente, métamorphose d'un bourrin en honnête homme. Manque de bol, il aurait mieux fait de s'intéresser à l'action... Car les acteurs sont si mauvais (exception faite de Jeffrey Wright, vraiment pas mal en cow-boy sensible), et les rapports entre leurs personnages si convenus, qu'on s'emmerde dès les premières minutes de ce pensum qui se prend au sérieux comme pas deux. Pourtant, le cinéaste s'applique à faire dans l'originalité, prenant pour protagonistes principaux des racistes ou des brutes, présentant même une jeune première particulièrement détestable. Mais justement : à force de flirter avec la haine de ses personnages, on finit pas se désintéresser de leur sort. Et les situations sont tellement académiques, les dialogues si crétins, et les rythmes si lents qu'on arrête complètement de suivre la chose, attendant les scènes d'action pour voir enfin un peu de sang. Mais de ce côté-là, il va falloir ronger son frein aussi. On ne mesure pas le vent neuf qu'a fait entrer Tarantino dans la représentation de la violence au cinéma : en 1999, on en était encore aux hommes préhistoriques de ce point de vue-là. Absolument illisbles, les séquences de fusillade sont désolantes dans leur mise en scène : ça canarde de partout, ça tombe, ça hurle, et jamais on ne frémit pour le moindre personnage, tous sont interchangeables, et on verrait mourir le héros lui-même qu'on n'en serait pas autrement marri. Non, il ne mourra pas, on restera dans la convenance jusqu'au bout, et on sortira de ce film dans le même état qu'en y entrant, ayant juste un sentiment accru de continuer la sieste entamée pendant la projection.

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Welcome to New West

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