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24 juin 2020

Douce (1943) de Claude Autant-Lara

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Ah oui, ce ne fut pas toujours évident, en bon truffaldien que je suis, de me lancer dans cette petite rétro autant-laresque concernant ses films tournés pendant la guerre. Des films qui sentent autant le studio que la naphtaline avec pour grammaire principale le champ-contre-champ. Sur le fond, cela sent également un peu le rance avec cette fille de bonne famille (Odette Joyeux est Douce) qui veut se faire la malle avec le palefrenier (le sombre Roger Pigaut) et cette petite institutrice (la divine Madeleine Robinson) qui se voit promettre une place au soleil en épousant le père de Douce (il est veuf, il a une jambe de bois, mais il est bien gentil cet homme). Seulement voilà, ces petites sauteries inter classes sociales risquent d'être compromises : d'une part parce que Madeleine a fricoté avec le palefrenier (elle a trouvé mieux et donc le largue ; il se venge en se carapatant avec la chtite, le fumier) et d'autre part parce que la grand-mère (Marguerite Moreno) regarde tous ses scandales d'un sale œil ("Manquerait plus que mes petits-enfants épousent la cuisinière !!" ; on comprend bien que cuisinière, c'est vraiment le dernier échelon) : mais pourra-t-elle empêcher ces amours teintées d'opportunisme ? Le destin n'a-t-il lui-même pas son mot à dire ?

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Pas la peine d'en rajouter une couche sur le petit côté sclérosé de la chose, dans le fond comme dans la forme. Autant-Lara se repaît d'histoires du siècle dernier et n'en a pas fini avec ce bon vieux conservatisme qui, tenez-vous le pour dit, finira par triompher. Si on ne peut s'empêcher de sourire tout de même devant certains dialogues ("On ira au Québec, j'ai un ami qui vend des renards" - moi, cela m’a fait ma journée), on essaie sans trop d'a priori d'apprécier les prestations de ces acteurs en chambre. Il n'y aucun doute sur la grande classe de Madeleine Robinson dont la prestance irradie la chose, sur le petit côté mignon tout plein de notre Odette plus souvent triste que joyeuse, et sur cette partition inspirée pleine de fiel et de réflexions douteuses de la grand-mère qui crache son venin sur ses ouailles. Constamment bougonne, elle n'attend qu'une occasion pour enfoncer les autres et sa dernière tirade envers les survivants est particulièrement cinglante. On s'ennuie tout de même pas mal devant la chose (ah ça, c'est daté comme on dit), relevant tout juste une paupière lors de l'incendie final d'un théâtre - diable, c'est la culture qui prend feu : une métaphore ? Pas forcément, malheureusement... Les nantis triomphent, les petites gens (vénaux) sont renvoyés dans leur camp, tout le monde est content... Ça sent la poussière.

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