Dimanche après-midi (1967) de Jean-Claude Brisseau
Jean-Claude Brisseau, s'il finit sa vie un peu dans la panade, ne commença pas vraiment avec la joie de vivre chevillée au corps... C'est ce que tendrait à nous démontrer cette première œuvre, amateur, où un Jean-Claude sombre comme une nuit sans lune et gai comme un pinson mort nous conte l'histoire d'un homme errant, suicidaire... et que la mort attend au coin du bois (ou de chez lui). Sur la musique du Mépris (comme symbole du dédain envers le monde ?), un homme se rappelle, le temps d'un rêve, son dernier amour, forcément perdu, et ses amours de prime jeunesse... Il avait six ans, elle était servante, et elle lui permit certains plaisirs pour lesquels elle risquait la prison - tout semble déjà dit, en associant un ersatz de plaisir avec sa sanction immédiate. L'image est crade, le son l'est tout autant, mais cela colle finalement assez bien avec l'atmosphère de ce court qui respire le désespoir et cette voix off qui évoque la vieillesse, la dépression. Brisseau, l'ode à la mort, il avait 23 ans, il était déjà sur la pente... Le final, fantasmatique, peut-être, est forcément sanglant, et condamne, une bonne fois pour toute, notre âme mélancolique et détachée des choses. Pas franchement vivement dimanche avec l'ami Jean-Claude. Un premier essai noirissime qui colle plutôt bien avec le tempérament de cinéaste sauvageon qu'on lui connaît. Première pierre, dans le marc. Noir.
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