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26 mai 2020

Glissements progressifs du Plaisir d'Alain Robbe-Grillet - 1974

GLISSEMENTS_PROGRESSIFS_DU_PLAISIR_01

Alain Robbe-Grillet n'a pas écrit que des conneries, il en a filmées aussi, en tout cas si on en croit ce film improbable et impossible qu'est Glissements progressifs du Plaisir. Mais il lui a permis au moins d'assouvir ses pulsions érotiques sans dommage, et même de les dissimuler sous un vernis intello trop class qui l'a certainement mis très bien avec ses petits copains du Nouveau-Roman. Voici donc un polar sexuel kitsch qui prend place dans un décor épuré au maximum : un appartement aux murs nus et au mobilier spartiate où Nora, femme libre prostituée à ses heures, est retrouvée assassinée par sa co-locataire Alice (femme libérée et prostituée à ses heures). Trintignant d'abord, puis Lonsdale enquêtent et en arrivent assez vite à la conclusion que c'est Alice la coupable. Fin du prologue, et début de l'enfermement de la belle chez les bonnes soeurs, où elle va déclencher la zizanie. Il faut dire que sa culotte ne tient guère en place, et que le charme douceâtre de ses 15 ans (à vue de nez) agit sur tout et tous : son avocate, les nonnes, le curé. Et Robbe-Grillet lui-même, qui lui accorde une suite de scènes érotico-chic où on voit la dame faire du body-art dans le plus simple appareil, jouer avec les boutons de sa robe jusqu'à ce qu'elle choit bêtement, jeter des regards par en-dessous en exhibant ses atours, le tout sous le regard complaisant du cinéaste légèrement onaniste.

Glissements-progressifs-du-plaisir_0

Bon, c'est profond comme une photo de David Hamilton, ça propage une image de la sexualité franchement ringarde et sénile, ce sont des fantasmes de pépé un peu dangereux, mais Robbe-Grillet voudrait bien, lui, que ce soit prodigieusement envoûtant et intelligent. Il place donc ses tableaux artistiques de nus féminins dans des lieux austères, travaille sur un faux-jeu des comédiens, et laisse aux hommes le soin de fabriquer des dialogues tordus ou des situations borgesiennes. Trintignant en flic caricatural, qui ne sait poser que de bêtes questions et porter son feutre mou, comme une image déréglée des polars américains ; Lonsdale en impassible Droopy essayant toutes les combinaisons possibles d'un mot ; Jean Martin en curé exorbité hanté par la tentation du Mal... On sent bien que Robbe-Grillet voudrait réaliser un film ultime sur la beauté du diable, choquer le bourgeois avec ses filles à poil fières de l'être, accoupler Eros et Thanatos, travailler sur une version très personnelle de la sorcière (le film est inspiré de Michelet), taquiner la bien-pensance avec ses religieuses tentées par le sexe. Mais voilà : le seul résultat du film est de déclencher une hilarité gênée ou un sentiment légèrement honteux devant cette imagerie dépassée de la femme fatale. On apprécie de temps en temps une idée, surtout les plus barrées (le dialogue à distance entre Lonsdale et l'accusée, cette avocate ambiguë qui ne sait à quel sein (sic) se vouer, une séance de peinture aux jolies couleurs pop), on respecte ce montage plutôt intrépide mêlant fantasme et réalité, mais on est surtout affligé devant l'imaginaire de Robbe.

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Commentaires
M
Oui, hein ? <br /> <br /> Vous me faites plaisir. J'ai connu une fac, des profs, des élèves, des potes, qui ne juraient que par ce grand homme. Même à 18 ans, je pouffais .<br /> <br /> Quel crétin, ce Robbe-Grillet.
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