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26 avril 2020

Le Misanthrope (Misantropen) d'Ingmar Bergman - 1974

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Les mises en scène théâtrales de Bergman ne brillent pas par leur audace, et on y cherchera en vain le goût pour l'expérimentation qui marqua certains de ses films pour le cinéma. Mais tout de même : quand on voit un travail de la qualité de ce Misanthrope, on ne peut que constater que le bon maître suédois est doué d'une redoutable intelligence quand il s'agit de relever la moindre nuance des textes classiques. Tout est d'un classicisme total dans cette version de la pièce de Molière : costumes grand crin d'époque, entrées et sorties académiques, placements d'acteurs scolaires, éclairages professionnels. Point d'extravagances, point même de ces petites trouvailles que les metteurs en scène français, peut-être plus marqués par l'histoire des mises en scène de la pièce, savent mettre là-dedans. Mais au milieu de ce spectacle qui, visuellement, manque un peu d'éclat, on a droit à un grand moment d'acteurs, à une compréhension géniale du texte, et à une école de subtilité dans l'interprétation d'icelui. Dans la construction générale d'abord : Bergman a tout compris de ce texte assez difficile de Molière, de son passage subtil de la comédie (les deux premiers actes) à la tragédie (les deux derniers) avec ce pivot que constituent les deux magnifiques monologues ambigus du troisième acte. La pièce monte doucement en puissance, plongeant ce portrait amer de la cour dans la noirceur totale, renvoyant dos à dos les liens sociaux, l'amitié, l'amour, piétinant tout ce qui fait la beauté de la vie sous les flatteries et l'hypocrisie.

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Au milieu du marasme : Alceste, ridicule et grandiose, le seul à résister à la gabegie, mais aussi inconscient de son caractère excessif dans un monde où il convient d'arrondir tous les angles pour survivre. Henning Moritzen, dans le rôle, est parfait, bouleversant quand son amour pour Célimène s'effondre, pathétique quand il s'enferre dans ses comportements adolescents. Face à lui, une imposante Célimène (Ghita Nørby), toute en rouerie et en ronds de jambes, dangereuse comme une vipère, magnifique quand elle est enfin convaincue de trahisons à la fin de la pièce. Bergman centre tout son spectacle sur ce couple improbable, mais n'oublie pas les seconds rôles : de Philinte, qui parvient brillamment à se sortir de ce rôle un peu fonctionnel, au trio de petits marquis ridicules, qui apporte la touche de comédie nécessaire à cette pièce qui ne serait que noire sans lui, en passant par Arsinoé, sinueuse et finalement toute en fierté, on ne cesse de passer d'émerveillements en admirations au niveau de la distribution. Le filmage de Bergman est super académique, alternance de plans larges pour mettre en valeur le joli travail de scénographie et de plans serrés pour exprimer l'intimité de ces longs dialogues minutieux ; il ne fallait sûrement pas en faire plus pour illustrer cette mise en scène entièrement concentrée sur le texte et les personnages. Un des plus beaux textes de Molière assurément, parfaitement rendu par un Ingmar qui joue aux modestes et s'en sort brillamment.

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Tout Bergman

Commentaires
S
Surveillez votre boite mail cette nuit, tout peut arriver par la voie des airs !
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C
S'il vous plaît, s'il vous plaît, comment voir ce film ??? Help. Aidez-moi. Zu Hilfe.
Répondre
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