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2 janvier 2020

Martin Eden (2019) de Pietro Marcello

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Martin Eden à la sauce bolognaise (ou plutôt napolitaine, d'ailleurs), le concept n'est a priori pas évident à avaler - surtout quand on est aussi fan du bouquin que je le suis (et je ne parle pas de Gols qui a recopié le livre sur les murs de sa chambre). Et disons-le tout de go, malgré des critiques totalement exaltées par la chose, nous n'avons guère été emporté par cette version qui ne démerite point au niveau d'une "certaine recherche esthétique", mais dont le traitement narratif et filmique tombe un peu à plat, tant certaines situations semblent avoir déjà été vues et revues, et mises en scène d’ailleurs avec plus de talent. On suit donc les pas de Martin (Luca Marinelli, un pif depardesque mais un jeu qui lui arrive au niveau de la narine), parti de rien, amoureux d'une donzelle "de la haute", Elena (Jessica Cressy, un mix entre Ornella Muti jeune et Léa Seydoux jeune) : son ambition, à lui, écrire, pour être un jour digne de sa belle ; mais ses idées politiques, sa fougue, sa rage interne vont finir par faire foirer cet amour déjà mal parti sur le papier... Oui, c'est résumé à la va vite car l'intérêt (ou son absence) est ailleurs dans cette adaptation que l'on a d’ailleurs bien du mal à dater sur la continuité ; la nouveauté esthétique pour ce film tourné en (super) 16 mm (cela redevient apparemment une mode), c'est de mêler ici ou là des images d'archives pour rendre compte d'une époque « ancienne », disparue, mais aussi d'une certaine atmosphère, ou d'un rêve, ou d'une émotion (la petite danse entre jeunots, par exemple). Le procédé est assez original en soi, même si personnellement (désolé) je n'ai pas vu la réelle plus-value...

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De même, parmi les choses qui ne m’ont guère convaincu, le traitement de cette histoire d’amour impossible est tout de même bien palot… Il suffit de penser à une foule d'autres cinéastes italiens (je ne me lance même pas dans un début de liste, on se comprend – oui, ils sont morts pour la plupart…) qui, eux, en avaient beaucoup plus sous le pied, pour tramer une passion, pour rendre palpable les désirs... Les mésaventures amoureuses de Martin et Elena manquent de légèreté, de romantisme justement, d'allégresse - bref, de charme (même quand ils parviennent à s’extraire de la société). Marcello a beau tenter de truffer son film d'une bande musicale assez inattendue (surprenante mais de bon goût, je reconnais), cela ne nous permet pas pour autant de plonger les yeux fermés dans cet idylle à la Roméo et Juliette. Et puis il y a les passages politiques, un peu trop lourds et confus, et puis il y a l'évolution de ce personnage et cette rupture (dès qu'il passe à la gloire) assez mal gérée ; notre brun passionné devient en un tour de main un génie blondinet enfiévré et l'on a bien du mal à suivre, pour ne pas dire à comprendre, cette brusque transformation (Martin Eden lui-même ne semble d'ailleurs pas franchement la saisir, lui qui peine à se reconnaître dans ce fantôme de sa jeunesse qu'il croise). L'acteur, qui, comme on dit communément, a de l'abattage, fait certes montre d'une certaine palette de jeu, mais ce changement est trop soudain pour qu'on puisse faire preuve d'une quelconque empathie devant ce revirement ; il est devenu, poum, avec le succès, un vrai dégoutté de la life, rejetant soudainement les femmes de sa vie comme des paquets de linge sale. Quant à la fin, franchement, (et vous n’avez jamais entendu Gols réciter les dix dernières pages du bouquin et ce juste après un seul verre de rhum), elle confine franchement à la mièvrerie (une sorte de lyrisme de pacotille). Bref, un Eden dont je me suis senti, je l'avoue, un peu exclus... Dommage pour moi…

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