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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
1 janvier 2020

L'Adieu (The Farewell) (2020) de Lulu Wang

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On écume les tops 10 de 2019 pour voir si on ne pourrait pas découvrir sur le fil une petite pépite surprise. On se dirige un peu sur la pointe des pieds devant ce film "ethnique" (on connaît, même de loin, ces trucs italiens, grecs, juifs ou ch’timiques qui font dans la surenchère clichesque et les stéréotypes grotesques) : attention, on va nous parler de la Chine, en évoquant frontalement la vie quotidienne d'une famille moyenne... Vous savez, chers commentateurs avisés, que je connais la Chine comme la poche de mon KW et que je ne peux tolérer sur le sujet toute approximation et autres exagérations (hum). Il est intéressant, ma foi, de constater ici que comme dans le doc (terrible) One Child Nation, c’est une Chinoise d’origine, installée depuis longtemps aux States, qui est en charge de la réalisation ; du coup, dans les deux cas, il s’agit de poser sur ce pays non pas un regard critique méprisant mais, au contraire, aussi bien au niveau des faiblesses que de ses qualités, de proposer un regard un peu naïf, bienveillant et au besoin affecté sur divers sujets. Mais sans juger au préalable. Et cela change tout. J’en ai fini avec l’intro.

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Lulu Wang, dans ce film autobiographique annoncé, est arrivé très tôt aux Etats-Unis avec ses deux parents. Poum, la nouvelle tombe : Nai Nai, sa grand-mère favorite, est atteinte d’un cancer aux poumons. On lui donne trois mois. Toute la famille (le frère exilé aux USA et celui au Japon), sous couvert du mariage du cousin (parce qu’en Chine, on dit pas au vieux qu’ils sont condamnés… ça porte malheur…), se donne rendez-vous au domicile de la grand-mère ; on tente d’exclure Lulu, trop émotive, de peur qu’elle ne dise directement à la grand-mère ce mal qui la ronge… Mais elle vient quand même et tout le monde serre des fesses. Bien. On est dans la comédie douce-amère avec une Lulu toute en affection pour la grand-mère : cette dernière, de son côté, ne peut s’empêcher de vouloir s’occuper de tout (la préparation du mariage) alors même que tout le monde a peur qu’elle canne dans la seconde… Adepte du qi gong (vous allez pas me la faire à l’envers), la grand-mère pète le feu mais le moindre de ses éternuements met la famille sur les nerfs. Ambiance tendue donc. La bonne idée de la réalisatrice est de mettre en scène la fille et la grand-mère (ou la fille et son père) avec au second plan un « incontournable » de la vie quotidienne chinoise : les repas à 48 autour d’une table ronde, les séances de massage, la traditionnelle kitschouille photo de mariage… Tout cela traité non pas sur le ton de la grossseuu comédie lourdaude (genre comique français actuel où l’on se vautre avec délice dans la caricature béate) mais avec une certaine envie de justesse, de véracité. C’est ce qui donne au film, ce petit côté touchant, joliment réaliste… Bon, après, je suis loin d’avoir été ébahi par la chose : c’est un peu gnangnan parfois (le couple formé par le cousin chinois (dit la carpe) et sa japonaise niaise – gratiné, quand même…) et on erre constamment entre micro-drôlerie qui sent l’expérience (la discussion entre les Chinois exilés et les sédentaires) et émotion facile (la mort de la grand-mère serait un tsunami pour Lulu, on l’a bien compris). Bref, cela passe tout juste la barre. Mais le film est honnête dans sa démarche et propose (au grand public) une vision finalement assez juste de ces petits instants intimes d’une chinese family. Et c’est déjà pas si mal pour ce genre de production. Voilà, c’est mon petit point de vue : un film gentiment sincère à défaut d’être transcendant. On se dit bonne année quand même ?

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