Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
30 décembre 2019

Coup de Fouet en retour (Backlash) de John Sturges - 1956

critique-coup-de-fouet-en-retour-sturges12

C'est pas à mon vieux gars John Sturges qu'on va apprendre à tricoter un bon western de derrière le buffet de mamie. Une fois encore il répond on ne peut plus présent avec ce très beau film sensible et mouvementé, et qui atteint même dans sa deuxième moitié une grandeur qu'on pourrait presque rapprocher d'un Kazan. Il y a dans la quête de ce brave et honnête Jim Slater une demande un peu désespérée de père, et dans celle de la forte et fragile à la fois Karyl un besoin d'amour que ces deux déclassés de la vie rendent avec une parfaite sensibilité. Jim (Richard Widmark, la grosse classe américaine) erre autour des tombes d'un massacre où périrent cinq hommes, avec parmi eux, suppose-t-il, son père. Tout ce qu'il sait c'est qu'un sixième homme a fui en emportant un trésor, laissant ses camarades se faire massacrer par les Apaches sans pitié. Jim n'est que vengeance, il veut retrouver ce type et le faire payer. Il rencontre sur place Karyl (impressionnante Donna Reed), qui elle a perdu dans la bataille son mari, et qui veut retrouver la trace de sa part du magot spoliée par le sixième homme. Les deux vont former une équipe de bras cassés qui va les conduire jusqu'à une ville en proie aux batailles de clans, le pire d'entre eux étant mené par le sixième homme en question. Le souci est qu'il pourrait bien être tout autre que celui que nos deux héros attendent.

critique-coup-de-fouet-en-retour-sturges8

Durant 45 minutes, Sturges déroule sa trame, professionnellement mais sans panache. Il y a bien une attaque d'Apaches tonitruante, mais elle manque un peu de grandeur et reste à l'état d'efficace bataille avec figurants grimaçants et chevaux chutant. Le film préfère se concentrer sur son cow-boy solitaire, errant à la recherche désespérée des restes de son paternel, et trouvant dans Karyl une âme-soeur inattendue. La belle ne se laisse pas démonter par la violence qui l'entoure, a du répondant et se moque bien des rôles de faire-valoir. Elle soupçonne Jim d'être vénal, mais on sent bien qu'elle en pince pour son Widmark : le sourire qu'elle lui sert au moindre compliment en atteste et montre une femme indépendante, résolue et qui n'a pas froid aux yeux (elle a d'ailleurs fait un métier jadis que sa pudeur lui interdit de nommer). La scène où elle se désape pour faire de son chemisier un bandage vaut son pesant de jeu de chat et souris avec le code Hayes, j'ai eu une semi-érection. C'est parfait, les paysages de l'Arizona sont bien photogéniques, les seconds rôles nickel, la trame s'épaissit à un joli rythme, mais on sent que Sturges en garde sous le pied pour la suite.

critique-coup-de-fouet-en-retour-sturges13

C'est alors qu'on arrive au Texas, dans cette communauté complètement vérolée par la guerre des éleveurs qui se prépare. Là, ça devient magnifique, notamment par les petits rôles vraiment bons : c'est un shérif qu'on prend d'abord pour un pleutre et qui se montre d'un énorme héroïsme face au Vilain de service ; c'est un second couteau bien dangereux qui vient sans cesse titiller Jim ; c'est ce fameux Jim Bonniwell, suave et sûr de lui (John McIntire) qui va développer des rapports troubles avec Jim de domination-soumission du meilleur effet. Tout ça bout méchamment, et on attend avec impatience le combat prévu entre des centaines de cow-boys au sein du village, avec nos deux héros en quête d'amour au milieu. Déjouant nos attentes, Sturges va éviter le combat, plongeant son western dans un règlement de comptes intime plus que viril : admirable d'ailleurs de constater comment il dénoue toutes ses sous-trames dans les dernières minutes, en un très beau dessin en ligne claire. Le scénario est plein comme un oeuf, et en 1h20 on a le temps de parfaitement connaître et comprendre ce héros au coeur pur de qui il ne faut pas se jouer pour autant. Au bout du compte, on se retrouve tout content de ce film qui remplit parfaitement son rôle et vous en donne une louche de plus pour le fun. Moment délicieux.

critique-coup-de-fouet-en-retour-sturges5

Go to the Mid-West

Commentaires
Derniers commentaires