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9 décembre 2019

Soldats inconnus (Tuntematon sotilas) (1955) de Edvin Laine

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Film épopée, film fresque, film de guerre au long cours, Laine file son œuvre sur trois heures et l'on a l'impression de combattre du début à la fin avec ces hommes du premier bataillon. Ce petit groupe de Finlandais, pas vraiment au fait de la guerre, vont se retrouver engager dans la bataille contre les Russes. Objectif : les repousser au-delà de leur frontière. Puis avancer. Puis résister au maximum, ou pas lors d'une contre-attaque apocalyptique. On est dans l'esprit Brother in Arms nordiques et l'on prend plaisir à suivre ces hommes dans leur peur, dans leur lâcheté, dans leur héroïsme, dans leur solidarité. Laine ne nous épargne rien des faiblesses et des coups de folie de ces hommes qui, contre toute attente, vont repousser une à une toutes les attaques, les pertes s'accumulant tout de même méchamment en cours de route. Ils avancent gaillardement jusqu'au point de rupture, jusqu'au carnage final.

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Des films de guerre, hein, c'est pas à nous qu'on va la faire, on en a chopé autant que des maladies vénériennes. Ici, outre le fait qu'il s'agisse, chose peu banale, de Finlandais, on apprécie l'humilité de ces hommes et du réalisateur lui-même qui va construire, en accumulant les différentes saynètes, une œuvre peut-être pas monumentale mais qui fait date. Au départ, comme tout militaire non aguerri, lors de la première attaque, et ce après des déclarations bravaches, les hommes se chient dessus, restant durant un long moment face contre terre, le temps de s'habituer à la peur, d'éveiller en eux une sorte d'esprit inconscient de la guerre, du combat, plus que de l'héroïsme – mais comme rester sur ses positions, c'est se condamner à mort, seuls ceux qui avancent auront une chance de salut... Il y a les chanceux qui passent à travers les balles, puis les moins chanceux qui s’en prennent une dans le front ou dans le foie. Peu de râles, peu d'apitoiement, il faut continuer coûte que coûte cette marche en avant, à travers la forêt, à travers les rivières, à travers la neige. Nos hommes, loin de se la péter, continuent de se conduire en frères humains, contestant les supérieurs, picolant en cachette (belle orgie alcoolique) et, quand il le faut, se montrant toujours prêts (parfois malgré eux) à se conduire de façon héroïque : balancer une mine sous un tank, résister à quatre ou cinq contre tout un bataillon, sauver un des leurs blessé, tuer un homme en combat rapproché dans sa propre tranchée... Nos hommes, entre deux attaques qui déciment la moitié de la forêt finlandaise, se marrent, se reposent, râlent, déconnent et laissent un sentiment de fatalité guerrière les gagner... Laine met en avant une douzaine d'entre eux sans faire de préférence, ses soldats étant, comme l'indique le titre, finalement tous logés à la même enseigne ; eux-mêmes s'étonnent de leur progression, de leur résistance, de leur courage jusqu'à ce qu'ils se fassent bombarder comme des rats et déborder par le surnombre des assaillants... Même aveugle (l'un d'eux vient d'être blessé au visage après avoir voulu sauver un blessé), un soldat tente d'extirper les blessés d'un bus ambulance bombardée qui vient de prendre feu... Un acte gratuit, sauvagement fraternel, à l'image de ses hommes qui restent jusqu'au bout des êtres humains plutôt que de se prendre pour des soldats. Laine mêlent assez adroitement les images d'archives à son film (pour donner un peu plus d'ampleur) mais ses propres images de bombardement en forêt demeurent tout aussi impressionnantes (l'équipe du tournage a dû avoir du bois pour les dix prochains hivers). Il filme à hauteur d'homme, sans tomber dans la joliesse ou le lyrisme bêta et chaque homme qui tombe au combat finit par nous toucher. A finnish band of brothers absolument incontournable pour tout amateur de films de guerre qui respirent la trouille, la sueur, l'héroïsme vain, qui respirent en un mot l'humain. Belle leçon de cinéma et d'humanité.

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