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21 mai 2019

La Fille que j'aimais (Waga koi seshi otome) (1946) de Keisuke Kinoshita

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Un peu d'amour champêtre, cela ne peut résolument pas faire de mal alors que toutes les espèces animales et les arbres disparaissent (ne niez pas). C'est la jeunette Yoshiko (Kuniko Igawa) qui est au centre des débats. Abandonnée toute bébé par des parents suicidaires, elle fut élevée auprès de son frère de lait Jingo ; fallait bien que cela arrive, il tombe amoureux d'elle et tout le monde pense que c'est réciproque : et vas-y que je chahute avec toi dans les hautes herbes, que je t'attrape le pied dans le foin, que je te course à cheval entre monts et vallées... Les deux n'ont d'yeux que pour l’autre et quand nos deux tourtereaux se disent qu'ils ont un secret, on pense le match plié... Je veux te dire un truc, moi aussi, mais pas maintenant, tu veux me dire quoi, et les deux de rester muet le cul dans l’herbe pendant qu'ils boivent du lait à grandes goulées (la scène est limite sexuelle pour peu qu'on ait envie de voir le mal partout). Bon, dans dix jours, à la fête des foins, je te dirai tout. Moi aussi. Et Jingo d'avoir la banane. Et Yoshiko de sourire de toutes ses dents dans son visage encore poupon. Ouais. Mais forcément il y a un blême... Yoshiko, en fait, elle aime un type qui a été évacué dans le village voisin pendant la guerre ; il boîte, joue du violon comme un salaud, il a pas un rond parce qu'il bosse dans la culture mais voilà, elle l'aime. Quand Jingo les voie ensemble pendant la fameuse fête, il perd ses deux bras, sa fourche, sa raison de vivre. Le titre n'était pas complet : La Fille que j'aimais mais pas elle.

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Désillusion, rage, entourloupe guerrière (pendant que j'étais au front, elle flirtait avec le type ! Un juste désespoir parapluiedecherbourgien que l'on ne connaît que trop), gabegie sentimentale... Tout lui dire et passer pour un gland ? Lui sourire et passer pour un chêne ? Jingo, explose, se calme, revient sur terre, fait contre mauvaise fortune bon cœur, accepte... Il a un pieu dans le cœur mais parvient encore à sourire et à faire croire que le bonheur de Yoshiko est l’essentiel. On en croit rien, mais on compatit – le fair-play c’est tout ce qu’il reste quand on a plus rien à gagner.

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On savoure pour notre part ces petites saynètes de flirt mettant en scène cette jeunesse nippone enfin insouciante après ces temps sombres et cette ouverture (le bébé abandonné) forcément pas gaie gaie. Il faut qu'on se tape des chansons du cru (quand une vache dit son amour à... oh putain pitié), des danses folkloriques (ah oui, pour célébrer la fête des foins, c'est incontournable), mais on ne serre jamais autant des dents que ce pauvre Jingo qui doit ravaler sa fierté et tous ses plans d'avenir. Il y a cette très belle séquence où Kinoshita lâche pour le coup littéralement les chevaux : Jingo a serré la joue d'un gamin qui lui parlait de son amour pour Yoshiko ; il a serré un peu fort et le gamin est parti en courant ; Jingo part à ses trousses : course échevelée dans la nature, course des chevaux dans les près, Jingo, à bout de souffle après un semi-marathon avec mille mètres de denivelé finit par plaquer le gamin - ce petit défoulement a eu du bon : il ne peut pas s'en prendre aux autres, il ne peut qu'accepter ce foutu destin ! Et Jingo de jouer ensuite les grands seigneurs auprès de cette "soeur" tant aimée. Bah, c'est pas la ritournelle sentimentale du siècle mais pour ces quelques plans de jeune fille en fleur courant dans les champs, pour ce petit cri de douleur amoureux si joliment contenu, on peut fermer les yeux sur les chansons locales à la con et sur cette chienne de vie. Gentille petite bluette fleurie mais contrariée d'après-guerre.

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