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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
21 février 2019

Le Grand McLintock (McLintock !) d'Andrew V. McLaglen - 1963

McLintock!_4

Parfois, les réalisateurs classiques se lâchent un peu le ceinturon, et se permettent de se moquer gentiment du genre qui a fait leur gloire. C'est le cas avec ce petit western pas très sérieux sorti de derrière les fagots du vieux de la vieille des artisans, qui n'apporte guère de pierre à l'édifice du genre mais parvient à trouver un ton bon enfant qui peut amuser deux minutes. Au générique, que des vieilles marmites pour un dernier tour d'honneur en éperons et foulards crade. A commencer par le gars John Wayne, décidément abonné aux cow-boys caricaturaux en ces années 60, en pleine démonstration de ses moyens qu'il a nombreux et de sa mentalité qu'il a douteuse. Il interprète ici un propriétaire terrien tellement riche qu'il possède la moitié de la ville (qui porte d'ailleurs son nom), dirigeant tout ça en bon père de famille, dur mais juste, à l'ancienne. Si un groupe de pionniers s'installe sur ses terrains avec la bénédiction de l'état, il intervient de façon autoritaire et légèrement menaçante, mais il sait aussi engager à son service le jeune vacher habile et sa mère bonne cuisinière. Si des Comanches pacifiques ont décidé de vivre là, aucune raison de les déloger, à condition qu'ils soient bien intégrés aux moeurs WASP. La justice en action, quoi. Le gars a aussi ses petites manies, genre se soûler la gueule tous les deux jours dans des fêtes épiques entre hommes, qui se terminent bien entendu par des bonnes grosses bagarres entre potes et par des farces dignes de collégiens. Le tout est soutenu par une morale bien réac, on ne change pas un John Wayne qui gagne, genre "si té pa conten je te flingue, et si té conten on pren une bière" ou encore "les fames a leur place é les vache seron bien gardé".

Stefanie_Powers-Maureen_O'Hara_in_McLintock!

De femmes justement il est question, puisque tout le film, qui tient un peu de la comédie de remariage, repose sur le retour de la femme de John, toute de colère, bien décidée à obtenir le divorce et à embarquer sa fille vers un monde plus civilisé que cette ville poussiéreuse et bruyante. John s'oppose, la nana monte dans le rouge, ça s'engueule à tous les coins de la bobine, et il faudra une bonne fessée et un final tout en opposition pour dompter la demoiselle qui rentrera tranquillement dans ses marques. Après une bagarre dans un bain de boue dix fois trop longue et pas super fine, on se lasse d'ailleurs dans ce final de la grossièreté de trait de Mclaglen : Wayne, les jambes arquées comme pas possible, pourchasse sa donzelle à travers la ville pour lui coller une trempe, la fille tombe dans des chariots de foin et à travers des vitres, toute la ville suit les exploits du couple, tout ça est bien lourd. Le film est plus souvent lourd qu'à son tour de toute façon : l'humour est pénible et pesant, et le scénrio, souvent suite de sketches plus que film proprement dit, est beaucoup trop maigre pour qu'on adhère au truc. Les acteurs semblent s'amuser comme des fous à s'envoyer des gnons, balancer des remarques fumeuses sur les femmes ou le bon vieux temps, plonger dans la boue ou dompter des chevaux sauvages ; nous, il faut le reconnaître, moins. On passe donc le film un peu gêné par son ringardisme.

mclintock - spank 2

Mais d'un autre côté, on est en droit d'apprécier ce savoir-faire total au service de cette comédie familiale de samedi soir. Photos, acteurs, musique, mise en scène, tout est pour le mieux dans ce film, qui compense son indigence de fond par le talent formel. On est certes là dans la bonne vieille marmite de grand-papa, dans une forme tellement classique qu'on est à deux doigts de l'académisme ; mais c'est assez satisfaisant pour l'oeil, et si on est bien luné, on appréciera aussi ces personnages taillés d'une pièce dans le bois dont on fait les forêts de hêtres, et ces petites pointes de dialogue arriérées mais bien balancées. Pas de quoi grimper aux branches, non, mais une vraie compétence au service d'un spectacle haut en couleur et sans arrière-pensée, tout entier dévoué au plaisir sans complexe du spectateur captif. Finalement, c'est pas si mal.

john wayne

Welcome to New West

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