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29 juin 2018

SERIE : Bron/Broen saison 4 - 2018

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Fin d'une série qui nous a tenu accro pendant 4 saisons, c'est assez rare pour le remarquer. Et fin avant tout d'un personnage, Saga Norén, un des plus singuliers et marquants que la télé ait proposé ces derniers temps. Ça fait quand même un petit pincement au coeur de faire ses adieux à cette fliquette bourrue, fonctionnant sans aucun filtre social, hantée par un passé torve (a-t-elle protégé sa soeur contre des parents victimes du syndrome de Münchausen ? ou s'est-elle fait un film ? est-elle responsable de la mort de sa soeur ? ou a-t-elle été manipulée ?), capable d'annoncer cash qu'elle a ses règles en pleine réunion ou de dire à un veuf récent que sa femme a dû beaucoup souffrir. C'est clair que, sentant le filon, cette quatrième saison axe tout sur elle, sacrifiant au passage le pourtant beau personnage de Henrik, et lui collant une intrigue un peu improbable de retour de ses filles au bercail et d'addiction mal gérée. Dès le départ, on colle aux basques de Saga, on scrute son visage de plus en plus tourmenté au fur et à mesure qu'elle prend conscience de son "anormalité" dans cette société policée pas faite pour elle. Cette saison est celle des bilans moraux, et des décisions intimes, des tourments intérieurs beaucoup plus que des intrigues policières complexes.

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Notons tout de même ce qui fait de cette quatrième saison la moins bonne de la série : l'enquête policière justement, vraiment oubliée et bâclée. Comme d'hab, on est face à une série de crimes visiblement sans aucun lien entre eux sauf le mode opératoire. Mais les personnages tour à tour suspects, innocents, témoins, victimes, coupables sont pratiquement tous inintéressants, et l'histoire en elle-même manque de nerf. On se désintéresse très vite des complexes rouages de cette affaire qui aligne les rebondissements très peinardement, habitués qu'on est à ne pas prendre pour argent comptant les coupables qu'on nous présente à intervalles réguliers, et trouvant bien avant Saga les tenants et aboutissants de la chose. S'y adjoignent des affaires parallèles, comme ce duo de jeunes filles voyoutes, inutile, ou les rapports avec ce nouveau flic bien déplaisant, raciste et homophobe, superfétatoires. Bref, l'intrigue patine, et on s'ennuie même parfois dans cette saison pourtant plus courte que les autres. Autre défaut, et pas des moindres ; les 3 premiers épisodes sont mal mis en scène et mal montés, comme si les auteurs avaient voulu doper la série comme le veut la mode, et qu'ils avaient réduit les plans à deux secondes, rendant la chose très pénible. Enfin, quelques rebondissements sentent la satisfaction facile : dès le premier épisode, Saga se fait égorger, on se dit "la vache ! ils ont osé", et puis dans l'épisode suivant, elle s'en remet comme d'un mauvais rhume ; pareil pour son acolyte, qui reçoit une balle dans le buffet et s'en tire en deux minutes montre en main (avec une grimace de douleur et une canne).

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Mais, il faut l'avouer, prise dans son ensemble, la série se montre hyper cohérente. Elle a pris 4 ans pour faire réellement exister ce personnage singulier, lui donner de la densité : là où elle n'était qu'un "gadget" dans la saison 1, Saga est devenue un être complexe, rempli de névroses (jusqu'à un certain excès dans le dessin du personnage, avouons-le). Ce tableau par ailleurs du crime de série dans la Norvège et la Suède d'aujourd'hui est crédible, noir certes mais pertinent, et chaque affaire a mis en avant l'humain (et ses faiblesses) avant l'efficacité à tout prix. On pardonne donc à cet ultime opus d'être un poil fatigué et de tirer un peu sur la corde, et on s'incline devant cette magnifique série policière rempli de froid, de noirceur et de personnages épais.

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