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30 juin 2018

LIVRE : My absolute Darling de Gabriel Tallent - 2018

9782351781685,0-4880167L'été approche, il est temps de muscler son jeu littéraire. Quoi de mieux que de se pencher sur la littérature américaine contemporaine : on voulait du brutal, on sera servi avec cette histoire où il est question de nature(s) humaine(s) violente(s) au sein d'une nature sauvage (ou vice versa). On fait rapidement la connaissance de Turtle et de son pater ; une mère décédée apparemment trop tôt (un suicide ? sûrement) et une toute jeune fille de 14 ans laissée entre les mains de son père. Elle ne brille guère à l'école mais excelle dans le maniement d'armes à feu. Il est violent et viole sa fille à l'occasion. Gloups. Une situation glauque au possible mise en scène dans un environnement naturel décrit avec soin. Tallent excelle (oxymore) dans la description des plantes, des arbres et de cette nature luxuriante (la bonne vieille école américaine) et lorsque Turtle s'échappe dans ces espaces naturels, on tente d'oublier avec elle, pour un temps, la bestialité de son père. La chtite est brute de décoffrage, aime autant son père qu'elle aimerait lui échapper (tout le dilemme du bouquin : une histoire de sang qui ne peut finir que dans le... c'est vous qui verrez) ; en explorant cette nature alentour, Turtle fait la connaissance de deux ados un peu mal dégrossis, Brett et Jacob ; ils sont éduqués, viennent de familles friquées et une amitié rapidement se noue entre ces jeunes gens patauds et cette jeune fille sauvage et débrouillarde... Quelques instants d'amitié paisibles et apaisants avant le retour dans la case du père, imprévisible, aimant, ignoble...

Plus d'une fois, on se verra un peu obligé de lire entre ses paupières quelques passages un brin ardus (je vous conseille l'opération du doigt arraché par le tir d’une balle) : Tallent n'y va pas par quatre chemins pour énoncer la violence crue, étant bienheureusement plus pudique sur les séquences sexuelles souvent elliptiques. L'histoire n'en demeure pas moins rude, rugueuse, à l'image de ces dialogues ponctués de jurons - des dialogues souvent brefs, incisifs, tombant malheureusement parfois un peu facilement dans la répétition. On sent que Tallent en a pour nous embarquer dans son récit où l'on sent constamment planer de dangereuses menaces ; Turtle traverse diverses expériences aussi bien initiatiques que traumatiques, comme si la pauvre devait se coltiner à elle seule toute la violence des éléments naturels et de la connerie mâle. Petite héroïne chétive et fragile mais à la carapace en fer forgé... On voit venir le final de loin, un règlement de compte dantesque qui sent dangereusement l'odeur ferreuse du sang. Malgré quelques petites facilités (dans les dialogues, dans la psychologie des personnages secondaires guère étoffée), un roman qui prolonge avec une certaine maestria cette histoire littéraire ricaine de la violence, à l'image de cette nature souvent imprévisible. Bien.

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