SERIE : Bron/Broen saison 3 - 2015

J'ai laissé filer 2 saisons de cette précieuse série sans m'en rendre compte, et j'ai bien eu tort : cette saison 3 est sûrement la meilleure de toutes, redistribuant les cartes du jeu, redéfinissant les personnages, en inventant de nouveaux tout aussi complexes et jolis, et proposant une nouvelle intrigue policière bien retorse comme on les aime. On retrouve avec un plaisir intact nos ambiances glacées du Nord, avec ce fameux pont à cheval entre Suède et Norvège, et nos deux flics disparates obligés de bosser ensemble sur une affaire qui empiète sur leurs deux pays respectifs. Exit notre flic impuissant et bougon, dont le triste sort s'est scellé à la saison précédente : mais bienvenue au petit nouveau, Henrik Saboe (l'acteur de Pelle le Conquérant, mazette !), un flic hanté par la disparition de sa femme et de ses filles, drogué et ambigu. Un partenaire idéal donc pour la barrée Saga-"police-Malmö"-Norén, plus autiste que jamais, asociale et privée d'humour, en proie cette fois-ci à des embrouillaminis familiaux assez costaud. Cette saison sera celle, d'ailleurs, où Saga va en prendre plein la tête, entre une enquête interne sur elle, la mort d'un ami et une mère pleine de fiel, entre un passé sombre et un futur guère meilleur. Une tendance un peu sadique envers l'héroïne qui assombrit la série de façon très nette : presque pas d'humour, une enquête qui s'enfonce dans le glauque, des rapports sociaux torves, et en plus il pleut.

Ce nouveau venu est pour beaucoup dans la qualité de cette saison. Non seulement le personnage est intéressant, fouillé, et joué avec subtilité, mais en plus il renouvelle notre regard sur Saga, dont le personnage commençait à s'user légèrement. Bon, c'est vrai que du coup, c'est un peu too much : on ne croit plus guère à ce personnage de nerd, l'actrice en rajoute une louche dans le roulement d'yeux, et ses comportements par rapports aux autres virent parfois à la caricature. Mais la série la densifie, surtout dans sa deuxième moitié, lui donne un rôle qui sort de la simple composition d'actrice : on la voit même, ô surprise, pleurer à la toute fin, ce qu'on n'attendait plus de ce flic que l'actrice jouait avec amusement mais un brin d'application. La thématique principale de cette troisième mouture est la famille : le passé familial hante chacun des personnages, et toute l'intrigue policière repose sur des blessures père-fils, mère-fils mal cicatrisées, sur la douleur de l'abandon. Intrigue qui tient d'ailleurs méchamment bien, qui ménage ses coups de théâtre, ses tensions, ses moments d'émotion et ses coups fourrés. La mise en scène privilégie les lieux sombres et mystérieux, caves abandonnées, bâtiments désolés, bords d'autoroute, on est vraiment dans le polar poisseux et macabre (l'imagination du tueur pour dézinguer ses victimes force le respect). Bref, un vrai bonheur sans retombées, les gusses sachant aussi bien doper les scènes d'action que relancer le mystère à intervalles réguliers, malmener ses personnages dans leur intimité et prendre des pauses quand il le faut. C'est parti pour la 4.

Comments

[bea]

Bonjour. Il y a un élément du dénouement que je ne comprends pas dans la saison 3, peut-être pourriez-vous m'éclairer ?