Le Chat et le Canari (The Cat and the Canary) (1939) de Elliott Nugent
Une soudaine envie de revoir la chtite Paulette Goddard, et quoi de mieux qu'une petite comédie horrifique vintage, même s'il y a Bob Hope. Nous voici donc dans une étrange demeure isolée en Louisiane pour discuter, dix ans après la mort du maître des lieux, de l'héritage familial. Des tantes, des cousins éloignés, une servante pas commode, et puis Paulette... Le verdict ne tarde pas à tomber, la Paulette hérite de l'ensemble de la demeure... sauf si elle meurt ou devient folle dans le mois qui suit... Bref, comme personne ne peut quitter la maison pour la nuitée, on sent qu'il y aura grosse pression sur la Paulette pour récupérer une partie du dû : personnes qui disparaissent entre deux murs, meurtres, flirts, fou échappé d'un asile à proximité, panne de courant momentanée, esprits qui hantent bizarrement les lieux, bref, que de mystères et de pression... Paulette va-t-elle s'en sortir indemne, telle est la question ?
On aime ces décors extérieurs tout biscornus limite expressionnistes, ces multiples passages secrets limite gothiques, ces personnages stricts (la servante), speedés voire hystériques (les tantes, par définition) ou à la coule (Douglass Montgomery et son physique de jeune premier) qui demeurent tous finalement imprévisibles (qui fomente les troubles ?), on aime cette ambiance parfois tendue, on n'aime toujours pas Bob Hope qui ne peut s'empêcher de surjouer mais on fait quand même avec. On se croirait dans un petit Agatha Christie pas très retors avec quelques saupoudrages de comédie pas toujours super risibles (mais virez Bob Hope, par pitié). Notre Paulette n'est pas dans la légèreté et l'espièglerie des Temps modernes (le miracle ne peut pas se reproduire à chaque fois) mais assume avec une certaine bonhommie ce climat d'effroi... Un chat noir qui traîne dans chaque moment inquiétant, des portes qui claquent, des mains griffues, des ampoules qui faiblissent, des cadavres qui tombent... On aime ces petites ambiances étranges, disais-je, même si ici l'effroi n'est jamais vraiment à son paroxysme, comme tué dans l'oeuf par un comique qui ne l'est guère, par une pincée de romance trop superficielle. Le cadre était posé, la situation également, les personnages prêts à en découdre, mais le scénario et la mise en scène surtout sont trop paresseux pour que l'on frissonne vraiment, pour que l'on se plonge corps et âme dans ce film qui, à trop vouloir mélanger les genres, n'en traite aucun. La Paulette semble du coup trop sous-employée dans cette histoire qui eut mérité un réalisateur de plus haute volée pour en faire un must. Espérons qu'il n’en sera pas de même pour The Ghost Breakers que l'on se garde sous le coude.