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13 janvier 2018

Félicité (2017) d'Alain Gomis

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Joli portrait de femme congolaise signé Gomis qui mêle à son récit quelques morceaux de musique classique totalement envoutante ainsi que des passages oniriques nocturnes zénifiants. Félicité a des seins himalayens (je pèse mes mots) et donc du coffre, ce qui lui permet de se produire chaque soir dans un boui-boui où les clients (festifs et buveurs) sont sous le charme de sa voix ; seulement, bing, un pépin tombe sur cette femme qui vit seule : elle apprend que son fils a eu un accident de moto et qu'il est gravement touché à la jambe. Toute la première partie du film se concentre sur les efforts de Félicité pour réunir la somme mirobolante pour permettre une opération de la dite jambe ; notre chanteuse s'emploie tant et plus (corruption d'agent de police pour aller récupérer l'argent qu'on lui doit, visite surprise chez son ex (qui l'envoie violemment paître) ou chez un quidam des beaux quartiers (Félicité se fait violenter mais parvient à obtenir l'argent qu'il lui fallait)) ; Mère Courage peut enfin retourner à l'hôpital pour lancer l'opération... Mais une méchante surprise l'attend... Félicité plie mais ne rompt point face à ce coup du sort et on la verra dans la seconde partie reprendre du poil de la bête auprès d'un géant quelque peu alcoolique, un certain Tabu ; ce dernier n'hésite jamais à provoquer des rixes là où la belle Félicité chante (il ne semble pas connaître le mot modération - je dis ça, je dis rien) mais parvient en pleine journée (lorsqu’il est sobre) à apporter un certain réconfort à notre Félicité en plein doute... Après de nombreux soubresauts et quelques violences, il semblerait que l'on se dirige vers un final qui respire l'apaisement...

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On apprécie forcément le fort caractère de cette femme, aussi brillante en chanteuse que volontaire pour réussir à sauver son fils. Cette dernière, lors de ce combat engagé pour réunir l'argent, semble payer en partie son passé : si elle semble aujourd'hui fière de son indépendance, il lui faut faire quelques concessions par rapport à sa fierté ; elle payera cher son retour chez son ex (violente diatribe d'icelui, qui tient sa petite vengeance mesquine) ainsi que cette visite chez cet homme riche (elle n'en sortira pas indemne physiquement). Il faut noter d'ailleurs ces constants revirements entre moments chantés qui tirent vers une certaine sérénité, qui dispense même parfois une sensation de légèreté et ces quelques accès de violence qui rythment la vie quotidienne (les voleurs choppés au marché, Félicité mise à terre plusieurs fois dans sa quête, les provocations tapageuses du gros Tabu...). On tique parfois un peu devant ce rythme un brin lancinement, quelques longueurs et répétitions (bon Tabu, maintenant t'arrêtes de boire et tu rentres chez toi), et un montage narratif qui paraît parfois un peu décousu (dans la seconde partie notamment). Mais ces petites faiblesses mises à part, il faut avouer qu'on se laisse entraîner par cette mama au caractère bien trempé qui parvient à mettre progressivement de l'eau dans son vin ; Gomis finit même par se permettre une petite pointe d'humour (le coup du frigidaire) dans cet univers tout de même un brin rugueux. Bon film africain doux-amer (cinéma qui se fait malheureusement de plus en plus rare) qui remporte à coup sûr la palme du plus gros bonnet - tu gravis un sein, tu dois être sacrément essoufflés quand même, conclue-t-il admiratif. 

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