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29 juin 2017

Le Décalogue (Dekalog) - 10 - Tu ne convoiteras pas les biens d'autrui de Krzysztof Kieślowski - 1988

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Le bon Krzysztof termine sa série brillamment avec l'épisode le plus léger et le plus fun de l'ensemble (titre original : Ani żadnej rzeczy, która jego jest.) Etonnant de le voir boucler une série plutôt cérébrale et difficile avec ce petit film croquignolet, mais qui dit deux trois choses au passage quand même. Il s'agit de deux frères qui, à la suite de la mort du paternel, se retrouvent à la tête d'un pactole, sous la forme d'une collection de timbres amassée par le vieux. Entre la cigale (Artur, un chanteur de rock un peu anar, qui envoie dans sa première chanson tous les commandements aux orties) et la fourmi (le sage Jerzy), la complicité est là, mais l'appât du gain va faire exploser toutes leurs valeurs, les poussant même à des extrémités insensées. L'épisode est à la fois singulier dans l'ensemble, et cohérent : toutes les thématiques du Décalogue y sont, la mise en scène en gros plans aussi, mais c'est comme si le bougre avait voulu terminer sur un ton plus humoristique, montrant ainsi l'étendue de son talent et la richesse de la série dans son entier.

The Decalogue 10

Ce 10ème opus repose beaucoup sur les deux acteurs principaux, absolument impeccables. Zbigniew Zamachowski, avec ses faux airs de Jean-Hugues Anglade, apporte incontestablement la touche humaine à la chose, rockeur en surface mais tout faible en dedans ; et Jerzy Stuhr, avec ses faux airs de comptable, est irrésistible avec son sérieux effaré. La fable a des allures de morale à la La Fontaine, on croirait une adaptation du "Renard et les Raisins" : les amis, il ne faut pas essayer d'avoir plus que ce que l'on a, tu ne convoiteras pas les biens d'autrui, surtout lorqu'ils t'appartiennent déjà. Mais le drame se termine en éclat de rire, malgré l'horreur de ce qui est raconté. Kieślowski boucle son portrait de Varsovie des années 80 en beauté, refusant de se laisser enfermer dans un intellectualisme austère, et donne une homogénéité totale à ce Grand Oeuvre, résolument ambitieux et réussi : une dizaine d'heure de métrage avec rien à jeter, ça force le respect.

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