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4 mars 2017

La Diablesse en collant rose (Heller in pink tights) de George Cukor - 1960

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Ça sent le crépuscule pour George Cukor en ce début des années 60, si on en juge en tout cas par ce western pataud et assez triste. La fantaisie ordinaire du bonhomme se change ici en un curieux malaise par rapport aux acteurs, et par un traitement un peu creux de la comédie. On songe pas mal au Carosse d'Or, mais le vieux Renoir y montrait un sursaut de jeunesse qui fait défaut ici. Bon, ne pleurons pas trop, il y a quand même de belles choses là-dedans, et s'il n'était pas signé Cukor, on serait même prêts à y trouver de quoi assouvir notre faim.

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C'est l'histoire d'une troupe de théâtre ambulante dans l'Ouest sauvage. Son directeur, Thomas Healy (Anthony Quinn, assez touchant dans cette possible extension de La Strada) est amoureux de sa jeune première, Angela (Sophia Loren, complètement nulle), mais cette dernière préfère papilloner de barbons en riches admirateurs, affirmant sans vergogne une vénalité qui n'est pas sans causer problème : on commence cette histoire par une course-poursuite effrénée entre les roulottes du théâtre et la justice, les dettes s'accumulent suite aux jeux dangereux de la belle. Elle va d'ailleurs faire la partie de poker de trop, et parier son propre corps à un mercenaire plutôt torve (Steve Forrest, très bien). Le gars, pour obtenir son gain, va alors suivre la troupe à travers le pays, devenant ainsi son protecteur face aux Indiens et aux hors-la-loi sanguinaires. Le tout sous l'oeil de plus en plus amer de Healy, qui perd l'amour de sa vie en même temps que son commerce artistique.

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On aime ce portrait mignon de la troupe de théâtre perdue au milieu des cow-boys avinés et bourrus. Les représentations des drames grecs ne convenant pas (trop de cocus), on joue une version western de "Mazeppa", et la reconstitution des petites astuces pour obtenir du grand spectacle est parfaite : il faut voir Sophia Loren attachée sur un cheval au grand galop sur la petite scène du saloon, très joli. Les personnages de la compagnie sont attachants (ancienne vedette devenue duègne, jeune cocotte, comédiens amateurs et colorés), et cette gentille chronique d'un théâtre qui s'écroule constitue la meilleure part du film. On aime aussi le personnage principal, directeur grande gueule mais complètement fasciné par sa comédienne, qui s'adoucit brusquement devant ses caprices et regarde son monde s'écrouler tout en restant amoureux. Mais on a beau faire, on a beaucoup de mal à se dérider devant ces scènes trop longues et plutôt tristounettes. Même si le rythme de chaque scène est enlevé, c'est l'ensemble du film qui aurait mérité des coupes et des ellipses. Cukor et ses scénaristes racontent un peu lourdement. Ils ont beau vouloir semer dans leur film tous les éléments incontournables du western, on reste de marbre devant ces aventures pas dangereuses et ce ton pas grave. Tout est joli et agréable (belle photo, au passage), mais rien ne semble important. Un film pour rien, en tout cas qui ne contribuera pas à la gloire éternelle de son créateur.

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