Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
21 février 2017

Quand je serai mort et livide (Kad budem mrtav i beo) de Živojin Pavlović - 1967

quand_je_serai_mort_et_livide_photo_3-9ef42

Il y a indéniablement du Rossellini dans ce film yougoslave, qui regarde le monde avec amertume et pas mal de distance. En tout cas, voilà une comédie dramatique au ras du sol (boueux), et qui montre dans tout son pathétique un petit mec qui tente de faire sa vie dans la mornitude des années 60. On ne sait pas trop s'il faut se marrer devant les minables entourloupes du gusse pour ramasser fric et femmes sur son parcours, ou s'il faut pleurer devant ce portrait à charge d'une société bouchée par tous les côtés, complètement abandonnée à la misère intellectuelle et au gain à tout prix. Dans le doute, on regarde avec passion ce film en noir et blanc, dans tous les sens du terme, très joliment monté, et possédant un regard incisif sur les choses.

quand_je_serai_mort_01

Voici donc un petit bout de vie de Jimmy, vague petit marlou guère sympathique, qui va user et abuser de ce que la société lui octroie. Passant d'occasions saisies en femmes amoureuses, abandonnant icelles et larguant les autres au gré de ce qu'il a à prendre, il va opérer un parcours en boucle, partant d'une histoire assez minable avec une pauvre fille pour y revenir, la queue même pas basse, à la fin du film. Entre temps, on pourra le voir devenir chanteur populaire, et un des pires qui soient : assister à ses concerts effectués avec l'énergie de l'inconscience vous ferait perdre vos deux oreilles. Mais le gars est soutenu par la Culture Reconnue (une star) et par l'organe d'Etat (l'armée), on se l'arrache donc. Le gars traverse ainsi le pays et les 60's, en profitant allègrement de ce que la société lui octroie : belle gueule, débrouillardise, capacité à fuir dès que ça sent le roussi, c'est vraiment un type de son temps.

quand_je_serai_mort_et_livide_photo_1-84e27

Le film est très moderne par plein d'aspects : il est réalisé en grande partie en plans-séquences, dont le premier, de toute beauté ; il laisse voir ça et là un petit bout de fesse ou de sein qui lui confère une audace discrète ; et surtout il laisse voir la vie de l'époque telle qu'elle est, misérable et désenchantée. Au milieu des films de divertissement de l'époque, nul doute que celui-ci fit figure de trublion amer. L'errance du héros se termine de façon éminemment trivial, sur la cuvette des chiottes, et on sent bien que Pavlović balance dans cette dernière image terrible pas mal de son ressentiment envers la société de son pays et l'horizon qu'il réserve à sa jeunesse. Malgré cette amertume, le film prend sans arrêt un ton léger, comique, qui lui va parfaitement au teint. Et lui permet de dire pas mal de choses politiques en se cachant sous le couvert de l'humour. Excellent moment, toutes griffes dehors.

Commentaires
Derniers commentaires