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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
23 décembre 2016

SERIE : Fleabag saison 1 - 2016

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Une mini-série qui aurait pu être le must de l'année, mais qui retombe comme un soufflé au bout de trois épisodes. Frustration, frustration... Dans les premiers temps, on est convaincu de tomber sur un trésor. Dans le Londres bling-bling et anonyme vit LA femme d'aujourd'hui, surnommée Fleabag, qui a la particularité de commenter tout haut, face caméra, tout ce qui lui arrive : problèmes avec les mecs, problèmes avec les hommes, problèmes avec les gars, surtout, mais aussi soucis de rapports avec son père, sa soeur, sa belle-mère, sa copine, son cochon d'Inde, bref une somme de frustrations et de complexes qui ont transformé la belle en un paquet de cynisme, de mauvaise foi et de moquerie facile. Cette colère "urbaine", bien d'aujourd'hui, se transforme dans la bouche de la belle en une compil de bons mots, la plupart absolument horribles et savoureux, qu'elle sort façon mitraillette. Une sorte de Woody Allen d'aujourd'hui, quoi, l'actrice principale également scénariste (l'extraordinaire Phoebe Waller-Bridge) semblant dire tout haut ce que toutes les femmes pensent (ou s'interdisent de penser) tout bas. Les délices de la sodomie ou la fulgurance des pets, l'angoisse de la foule ou les pulsions masculines, sont quelques-uns des sujets que la belle manie façon bazooka. Dans les premiers épisodes on est scié par l'audace des dialogues, très crus, et par celles de la mise en scène (l'ouverture de l'épisode 2 est une des choses les plus inventives que j'ai vues depuis longtemps), d'autant qu'avec très peu de moyens, le réalisateur parvient à exprimer toutes les nuances d'un personnage. Le montage est habile, entre flashs-backs, scènes fantasmées, monologues qui décrochent du réel, on est vraiment étonné par ces premiers épisodes, punks, très drôles et "adultes" (à l'inverse du comique régressif américain, souvent très ado).

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La série n'est pas longue, 6x26 mn, et pourtant, au bout de quelques épisodes, la déception s'installe. D'abord parce que Waller-Bridge a du mal à se calmer, et se livre à une surenchère trash qui va mal à la série. L'équilibre était hyper fragile, et la belle se vautre plus souvent qu'à son tour dans la vulgarité, annulant toute la magie du début. Mais c'est surtout que les bons sentiments, ennemi public de ce genre de séries, guettent, et que la scénariste leur ouvre les vannes à partir d'un certain moment. Plus très drôle, la série devient psychologisante, et la comédie se transforme en un drame familial et personnel un peu vain. Quelques personnages (le DRH, la copine) amènent ce côté-là. On pensait bien se marrer jusqu'au bout, assister à la première série vraiment trash, mais peu à peu, sous les coups de la soeur (personnage très changeant au cours de la série, comme si l'auteur ne savait pas trop quoi en faire), de la belle-mère (pourtant excellente Olivia Coleman), à coups de scènes convenues et plus très drôles, le bazar s'enfonce dans le politiquement correct qu'il fuyait à tout prix. L'ensemble se termine dans le drame, mais un drame pas très grave, une histoire de coucherie et de suicide pour rire, et on se dit que l'ambition première de la chose a fait flop comme un bon gros vieux pétard mouillé. Une idée magnifique gâchée par la sensiblerie, dommage.

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