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5 février 2015

Night Call (Nightcrawler) (2014) de Dan Gilroy

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Il y a dans Nightcrawler plusieurs éléments émoustillants : une voiture qui sillonne la ville la nuit, un "journaliste" d'opérette ambitieux interprété par le troublant Jake Gyllenhaal, une "caméra-vérité" prête à tout pour donner aux avides téléphages le plus infâme des spectacles (du sang, des meurtres, du sang et des balles qui fusent - BFM TV avant l'heure des attentats, en un poil plus trash)... Dès le départ, on sent que le Jake est un divin opportuniste ; si dans la scène d'ouverture il vole une montre, il se montrera bientôt aussi doué pour voler des images : des gros plans suintant l'hémoglobine, des cadres chocs, des situations de folaille - rien de mieux pour un reporter de pacotille que d'arriver sur le lieu d'un crime alors que les meurtriers sont encore sur place -, voilà ce qui donne le sourire au Jake ; si l'argent coule rapidement à flot (il en faut pour s'acheter la bagnole de Starski et Hutch), ce qui fait surtout frémir Jake c'est le fait d'être reconnu par les membres bien propres sur eux de cette télé poubelle et d'être couvé du regard par l'une des chefs du bazar, Rene Russo - des rides, certes, mais un sourire diablement carnassier lorsqu'il s'agit de se repaître de ces images "graphiques", as they say in english. Deux bien beaux salauds prêts à aller jusqu'au bout pour satisfaire tout bon vautour-téléspectateur.

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Il est dommage que l'ami Gilroy force parfois un peu trop les traits et mène sa démonstration sans grande finesse : des personnages caricaturaux (l'adjoint de Jake, plus naïf qu'un bout de pain ; la Rene, à la déontologie inexistante...), des situations de plus en plus rocambolesques et ignobles (sacrifier un concurrent voire un collègue, filmer des tueurs en action, puis leur arrestation, puis la course-poursuite qui s'engage...) qui finissent par frôler le ridicule. Ah ouais, Jake est vraiment pourri jusqu'à la moelle, sans foi ni loi... Pas de discussion possible, le clou est enfoncé jusqu'à la garde... Il y avait, pourtant, disais-je, nature à être plus subtile. Lorsque le gars Jake déplace un corps pour véritablement "mettre en scène" un accident de la route (ses yeux lui sortant des orbites alors qu'il filme la scène, comme s'il atteignait là la jouissance suprême), il y avait matière à creuser (difficile d'ailleurs de ne pas penser au Voyeur même si le gars Gilroy n'arrive pas à la cheville d'un Powell). On aime bien aussi ce petit air charmeur et pince-sans-rire du Jake qui en self-made-man de la pourriture journalistique gravit peu à peu tous les échelons (pour arriver au niveau de la Rene) ainsi que cette façon qu'il a de prendre de haut (euphémisme...) son pitit adjoint qui voudrait brûler les étapes. Le film pourrait bêtement se complaire dans les images "graphiques" et les effets boeuf mais il y a heureusement toujours un certain degré d'humour noir - par l'intermédiaire essentiellement du personnage de Jake - pour sauver la mise. Du coup l'objet est plus intéressant qu'il n'y parassait au premier abord ; dommage que le Gilroy reste un peu à la surface de son sujet, filme "en grand angle", sans laisser vraiment beaucoup de place à la réflexion.

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