Don Quichotte de Cervantès (1965) d'Eric Rohmer

Pour être en phase avec les lectures de Gols (Shangols, un travail d'équipe aux éditions intervalles), quoi de mieux que cette excellent travail de fond de l'ami Rohmer sur les illustrations du XVIIème au XXème du célèbre roman de Cervantès ? S'il nous montre pendant vingt-trois minutes foison de dessins, gravures, estampes, peinture, c'est pour mieux nous parler du personnage principal (avec des questions essentielles du genre "barbu ou pas barbu" Don Quichotte ? Mais aussi plus profondes), du couple détonnant qu'il forme avec Sancho ou encore des décors ou des personnages secondaires qui entourent notre héros. Il en profite également pour louer la richesse du travail de certains grands maîtres (de Gustave Doré qui a donné une "âme" au Don à Dali en passant par Daumier - il vaut mieux aveoir un nom qui commence par un D, vous remarquerez, pour faire du bon boulot), l'évolution dans la représentation (le fait que l'on se soit ainsi de plus en plus concentré sur les deux personnages principaux) ou encore sur la richesse que l'on peut trouver chez certains illustrateurs au style baroque.

Pas sûr que le Rohmer soit d'accord d'ailleurs avec la théorie Onfray (il insiste sur le brimé Sancho qui se retrouve souvent dans les airs et qui finit par rendre justice... grâce à ses anciens talents en filouterie) d'autant que le cinéaste conclue en rappelant les moult interprétations que l'on peut faire de cet inépuisable chef-d'oeuvre qui est avant tout fait... pour être lu. Une façon de minimiser humblement son travail de recherches qui demeure d'une bien belle richesse - ah, il en a feuilleté des éditions le gars Rohmer, il ne se moque pas du public, fi ! Une oeuvre donc une nouvelle fois des plus intéressantes qui permet de voir à quel point le grand et maigre Don et le rondouillard Sancho n'ont cessé d'inspirer différents artistes "illustrateurs" au cours des siècles, chacun mettant l'accent sur un aspect de cet extraordinaire univers où réalité et fiction sont intimement mêlées.

L'odyssée rhomérique est là