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11 mai 2014

La Belle de Saïgon (Red Dust) (1932) de Victor Fleming

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Le charme opère progressivement dans ce film à l'ambiance coloniale (la Cochinchine, son caoutchouc, ses tigres, ses putains de pluie...) où l'on retrouve un quatuor ultra-classique : Clark Gable (sans moustache, cela le fait presque mieux) en homme viril et autoritaire, Jean Harlow en fille aussi légère que blonde, Mary Astor en femme du monde perdue dans la jongle, Gene Raymond en jeune aventurier fragile et naïf. Clark s'acoquine un temps avec la Jean avant de fondre pour la Mary - c'était réglé comme du papier à musique. Le Clark ne reculera-t-il devant rien pour toujours obtenir ce qu'il veut ou possède-t-il encore une âme noble et généreuse ? C'est bien là la seule question.

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Un décor sauvage et moite (Cedric Gibbons, si tu nous écoutes), des personnages solidement campés, une petite pointe d'érotisme pré-code (ah les gambettes de la Jean, ah le torse imberbe du Clark (il en faut pour tous les goûts), ah le charme de la Mary dans ses vêtements trempés qui lui collent à la peau…) et emballé c'est pesé. Fleming sait prendre son temps pour faire monter la sauce et nous présenter ses personnages, coupe le gras quand il le faut pour rester centrer sur les sentiments volages des uns et des autres, sait comment finir en beauté en sachant joliment flirter avec le drame (Clark et Gene face à un tigre... hum, hum, Clark puis Gene qui traversent la jongle de nuit... hum, hum, "femme au pistolet, mort à la volée"... pan, pan). Le drame, que dis-je, la tragédie plane pour mettre éventuellement fin à cette situation des plus tendues, pour démêler cet inextricable nœud sentimental…. Mais même au cœur d'une nature sauvage et violente, les hommes peuvent encore faire preuve d'humanité sans s’entretuer... Si. Ou non.

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Fleming est loin de mordre la poussière quand il s'agit de dérouler une trame et peut s'appuyer sur des dialogues truculents quand il s'agit de la Jean, directs et francs quand il s'agit du Clark, vaporeux et romantiques quand il s'agit de la Mary. Chacun sait parfaitement comment jouer sa partition et ce quasi huis-clos, qui aurait pu devenir étouffant, se savoure avec la même gourmandise que quatre nems imbibés de sauce soja - je pense que la métaphore est éclairante, j'ai pas mieux de toute façon. Un vrai bon ptit classique dans son genre qui montre que les thirties n'auront jamais à rougir des forties.

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Commentaires
A
Son "remake" par Le Grand Borgne (pas vous, Shang) , est ultra meilleur, faut bien avouer. <br /> <br /> Avec un Clark à moustache pour la 2e édition. Perso, je préfère. Fait moins bébé Cadum.
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M
Oui. Pas mal. <br /> <br /> Mais le plus réussi, me semble, dans le genre BBC (Brune/Blonde/Clark) , c'est quand même l'absolument délicieux Wife versus Secretary de Clarence Brown. <br /> <br /> Absolument délicieux. <br /> <br /> Emouvant. Délicieux. Absolument. <br /> <br /> Dans l'ordre qu'on veut.
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