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6 avril 2014

Le Voleur de Pêches (Kradetzat na praskovi) (1964) de Vulo Radev

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Mon compère me faisait le gentil reproche de voir des films un peu confidentiels ; je suis donc allé chercher dans ma remise quelque chose de plus classique avec ce grand film bulgare (oui) qui conte les amours interdites entre deux yaourts - pardon, je m'emballe - entre la femme d'un colonel bulgare (qui ressemble terriblement à Lénine - il semble avoir d'ailleurs autant d'empathie pour le genre humain) et un prisonnier serbe à la fin de la première guerre mondiale (on fête le centenaire, c'est un film qu'il serait bon de ressortir pour un festival spécial WWI). Je sais, dit comme ça, il n'est pas sûr que je fasse des émules. D'autant que pendant les trente premières minutes, soyons honnête, il ne se passe quand même pas grand-chose. Si, pourtant. Un homme défie les barbelés du Colonel pour aller lui voler des pêches ; alerté par un tortin système à base de fils et de cloche, une jeune femme surprend notre malheureux prisonnier la main dans le sac - ou sur la branche si on préfère. Ivo (Rade Markovic) a de faux airs de Mastroianni, Lisa (Nevena Kokanova) a les traits d'une jeune beauté bulgare (m'est avis). Entre eux c'est forcément un amour impossible d'autant qu'ils sont chacun dans leur "camp", enfermé, chacun sous la protection d'un cerbère (même si la discipline dans le camp des prisonniers laisse un peu à désirer). Qui dit amour impossible, dit forcément possible sinon ce film bulgare n'aurait guère d'attrait. Et c'est le noeud, pour ne pas dire le drame, automatiquement.

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Des hommes las, une guerre qui s'éternise, des officiers bulgares qui ont des airs de marionnettes déshumanisées... Que manque-t-il? De la passion, bien sûr, de la passion. C'est la seule raison de vivre, sinon autant mourir comme tout un chacun comme un rat dans une tranchée - ou retranché. Lisa a beau ne pas vouloir se l'avouer lors de la première rencontre, cet homme qui s'introduit par hasard chez elle... c'est la chance de sa vie, la chance de connaître (enfin) l'amour... On sent qu'elle est du genre à résister et fera les pas de danse classiques de toute femme qui se respecte : un pas en avant (un baiser qu'elle ne peut franchement refuser), un pas en arrière (c'est tout de même abuser), un pas en avant (eh puis merde, je suis mariée à Lénine et j'ai Mastroianni dans mon pêcher - Dieu, pardonnez-moi mais comprenez-moi, je ne suis pas la Vierge...). Il faut bien reconnaître que ce sont essentiellement ces rencontres entre les deux amants discrets qui rythment le film (même si toutes les autres séquences permettent de planter ce décor d'une ville et d'êtres humains en ruines - une passion interdite dans un paysage dévasté à la fin d'une guerre, je n'ai pas pu m'empêcher de penser au sublime Printemps dans une petite Ville, juste pour dire que j'ai des références, hein...). Alors que la musique se fait vibrante, on tremble pour nos deux amants qui se jettent l'un sur l'autre comme des affamés et qui risquent à tout moment de se faire surprendre. A-t-on encore le droit d'aimer sur cette terre, se demande-t-on ? Il faudrait partir mais ce n'est pas raisonnable, il faudrait arrêter mais autant essayer de stopper la mer avec le poing... Pêché avoué, à... Non cela ne marche pas non plus. Quelques moments tendres arrachés à l'enfer et ensuite ? Radev ne nous avait pas mis en condition pour un grand film comique et l'on craint le pire pour l'issue de cette histoire bulgare qui risque de mal tourner... Un film beau et déchirant, qui saigne comme un amour tentant de se glisser aveuglement entre des fils barbelés (c'est une métaphore). Le plus grand film bulgare ? Oh ben sûrement.

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Commentaires
G
"On a toujours envie de rire quand on mange des pêches" (Goupi Mains-Rouges de J. Becker, enfin presque... )
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B
Le problème en fait , comme souvent , c'était pour trouver des sous-titres fr sinon le film était finalement trouvable , vous avez raison . Je l'ai regardé sous-titré en anglais et à part quelques mots obscurs , j'ai compris grace à un bon niveau en anglais mais loin d'etre parfait . Faut dire que ça cause pas des masses . J'ai le meme problème avec des trucs comme " Bienvenue mr Marshall " ( 1953 ) , " Les intouchables " ( 1968 ) de Giuliano Montaldo ( Cassavetes , putain d'acteur quand meme , faut pas oublier ) , etc... par contre ceux-là ça m'emmerderait de les voir avec eng sub car il y a plus de dialogues Vous les avez quelque part ceux-là à tout hasard ? Et une dernière question . Pourquoi n'y a t-il pas de chronique sur " Viridiana " dans votre intégrale Bunuel , ce film étant pas loin d'etre mon préféré du gars alors qu'il y a tous les autres ?
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S
Bonda, c'est l'envie qui compte ! Ne faites pas le grognon. Oui, vous êtes déçu, je vois bien. Bon, d'un autre côté, quand je dis le plus grand film bulgare, j'ai bien peur de n'avoir vu que celui-ci. Mais je pense qu'il est pas loin, dans le top 5 au moins. Et puis il se trouve facilement, dis donc, j'ai beaucoup plus dur à dénicher... A suivre...
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Y
C'est vrai qu'il a l'ai drôlement bien, ce yaourt... <br /> <br /> A la pêche, en plus... j'adore.
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B
Allez ,c'est bon , si c'est le plus grand film bulgare , je suis bien content de l'avoir vu . Mais c'est tout ( au passage , je me suis renseigné , merci pour l'info , le contraire m'aurait étonné ) . On imagine déjà la fin lorsqu'on voit le gars chourer les peches chez le joli brin de dame ( si si beauté bulgare ) , qui l'accueille comme un prince avec des victuailles de roi en temps de guerre ( pain , fruits , eau ..) Je n'ai vu que guerre , solitude et amour impossible mais tout ça d'un oeil à moitié endormi , et l'autre essayant de trouver un espoir de voir les choses bouger un peu ( comme la femme essayant malgré elle et ses chaines de fuir avec le prisonnier ) mais non .<br /> <br /> La seule attraction intéressante du manège , c'est voir l'amour naitre entre ces tourtereaux et leurs rencontres volées . Pas grand chose à se mettre sous la dent , mais c'était bien essayé sauf que je n'ai pas été aussi emballé que je l'espérais ( peut-etre faute de rythme et de rebondissements , yo no know ). C'était pas la peine de fouiner tout ce temps pour un truc que j'aurai oublié demain mais cet amour sincère et tragique méritait le coup d'oeil .
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