Les quatre Fils de Katie Elder (The Sons of Katie Elder) (1964) de Henry Hathaway
Toujours une valeur sûre que l'ami Hathaway quand il s'agit de faire dans le western solide. Il est question cette fois - comme le titre l'indique, c'est vrai - d'une histoire de brotherhood comme on les aime : quatre fils plus différents les uns que les autres et aux prénoms onomatopesques (John, Tom, Matt et Bud - respectivement l'incontournable John Wayne (une (mauvaise) réputation qui le précède même si on sait, nous, dès le départ que l'homme est bon), l'amuseur Dean Martin (petit magouilleur gentillet qui n'est jamais le dernier à s'attirer des ennuis), l'effacé Earl Holliman et le petit jeunot bouillant Michael Anderson Jr) qui se retrouvent pour l'enterrement de leur mère. Si celle-ci jouissait d'une réputation de sainte, il n'en est pas de même pour les fils, en particulier pour le grand John. Son retour n'est pas vu d'un très bon oeil par la population et notamment par un sale type, Morgan Hastings, qui a récupéré le ranch de la famille Elder après la mort du père - ce dernier ayant été descendu dans des circonstances troubles, d'une balle dans le dos pour être précis, après avoir apparemment perdu le ranch aux cartes. Morgan, inquiet de ce retour, s'est d'ailleurs attaché les services d'un tueur, son jeune fils (Dennis Hopper, 12 ans à peine quoiqu'en dise son acte de naissance) n'ayant pas trop l'air de faire le poids. Bref, on s'attend à ce que ça pète entre les deux clans, sous l'oeil d'un vieux shérif plutôt pro-Elder et de son assistant résolument anti...
Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'ami John Wayne n'est pas là pour semer le trouble ; il fait tout pour calmer le jeu, tout en faisant of course sa petite enquête sur la mort de pater. Le gars Hastings, lui, met - bizarrement - une sacré pression sur les shérifs pour que le John vire le plancher... John est patient, jusqu'à un certain point : quand il est "under attack" et que les siens sont menacés, voire blessés - pour ne pas dire plus (...) -, le fin tireur caché en lui se réveille et se tient prêt à tout faire péter. La tension prend son temps pour monter, l'ami Hathaway prenant un plaisir évident à nous présenter les brothers et les liens qu'ils renouent progressivement entre eux : des instants de fun (Dean Martin faisant son petit numéro comique au comptoir en faisant croire qu'il est borgne, la bonne vieille bagarre générale entre brothers qui pètent la moitié du mobilier : l'esprit reste bon enfant), des espoirs de solidarité retrouvée autour d'un projet commun (ils se lancent, en plein milieu du film, dans la vente de chevaux : belle bouffée d'air au sein du film), des moments où il faut serrer des coudes face aux constantes attaques extérieures (bien que le John fasse tout ce qui est en son pouvoir pour ne pas s'attirer d'emmerdes, la fatalité semble en avoir décidé autrement...). Les coups de feu qui s'étaient jusque-là fait attendre finissent par pleuvoir et le final sera une évidente explosion de violence : l'elder des Elder devient un grand frère protecteur malgré lui alors que le sort semble s'acharner. Des personnages relativement bien campés, une intrigue qui prend son temps pour mettre à jour la personnalité de chacun des personnages principaux, quelques échappés belles sur la nature loin du côté anxiogène de la bourgade et un dernier quart d'heure qui sent définitivement la poudre. Hathaway A.O.C.