La Maison des sept Pêchés (Seven Sinners) (1940) de Tay Garnett
Marlene Dietrich va d’île en île dans le sud-est asiatique et provoque à chaque fois les mêmes bagarres générales. Le film classiquement construit sur la structure du cercle vicieux (il s’ouvre et se ferme de la même façon avec une séquence de baston/déportation) permettra entre-temps à la douce Marlene de trouver l’amour… Cela ne veut point dire que notre femme fatale « aux mœurs douteuses » sera fatalement amenée à pouvoir le vivre…
Ca fait plutôt plaisir de retrouver le gars Tay Garnett (The Postman always rings twice '46 - pour ceux qui auraient un ptit retard à l'allumage) en bonne forme, un Tay qui sait s’entourer de deux grosses têtes d’affiche : Dietrich plus Wayne, ça envoie de la sciure ; le réal complète ce tableau glamour avec une foule de personnages un poil stéréotypés (le gros bras qui fonce dans le gras, le magicien kleptomane, le prétendant, gros aux cheveux gras, éternellement éconduits et forcément frustrés…) qui donne à ce film pourtant aimable des allures parfois un peu trop « grossières » ; oscillant qui plus est entre différents genres (comédie, romance, drame… tout cela enrobé par des chansons de la Dietrich), l’œuvre peut paraître parfois un peu « bancale » comme si le gars Garnett n’avait su prendre une réelle décision sur la direction à donner à son film ; du coup, on a droit à une sorte de saupoudrage de différentes bonnes idées (la moiteur asiatique, le glamour dietrichien, la baston rigolote qui dépote, les couteaux qui volent et qui font sentir le drame, les personnages hauts en couleurs qui amusent la galerie, le bisou sans cesse repoussé qui fait pressentir l’apothéose romantique, la déchirure mélodramatique…) mais qui peinent au final à vraiment convaincre.
Mais ne boudons point non plus tout à fait notre plaisir à mater cette œuvre grâce à une Marlene qui en fait des tonnes pour être sensualissime - elle aime parler au Wayne à ça de ses lèvres comme pour lui faire sentir la douceur de sa voix enfumée… (pardon ?) -, à un Wayne en jeune premier de la Navy droit comme un i et beau gosse au possible, à des chansons joliment susurrés et arrangées qui produisent leur petit effet et à de la bonne vieille baston des familles qui pète du mobilier de bar à foison (et des cascadeurs prêts à sacrifier leur colonne vertébrale pour en mettre plein les yeux). A consommer en prenant plaisir au goût des olives noires ou vertes mais avec modération.