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29 mai 2011

Vacances de Noël (Christmas Holiday) (1944) de Robert Siodmak

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Troublant film noir que cette œuvre de Siodmak, avec un tout jeune Gene Kelly qui ne danse point et des séquences liturgiques ou musicales assez surprenantes pour le genre (longue séquence lors de la messe de minuit ou lors d'un concert du toujours somptueux Tristan und Isolde de Wagner) - des séquences relativement inattendues mais qui prennent tout leur sens à la vue de l'histoire de notre héroïne (pouponne et émouvante Deanna Durbin) follement amoureuse de son Gene : bien que celui-ci soit accusé de meurtre,  elle gardera une foi inébranlable en lui et ce jusqu'au bout... - avec un retour déchirant de la musique de Wagner lors de l'ultime séquence... Une véritable leçon pour le tout jeune Lieutenant Mason (Dean Harens) pour qui les vacances de Noël - il bénéficie d'une permission après avoir terminé sa formation militaire et avant de partir à la guerre - commençaient sous de bien sombres auspices : juste avant de partir pour San Francisco pour se marier avec sa tendre et chère, il reçoit d'icelle un télégramme l'avisant... de son mariage avec un autre gazier (le coup est rude !). Il décide malgré tout de prendre l'avion pour mettre les choses au clair mais celui-ci, pris dans un orage (c'est po son jour), se voit forcé d’atterrir à la Nouvelle Orléans. C'est là qu'il fera la connaissance, dans une maison olé-olé, de cette charmante et pudique chanteuse qui, lors de deux longs flashs-back, lui contera ses mésaventures...

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Ce soudain décrochage dans l'histoire (le premier flash-back a lieu au tiers du film alors que jusqu'à maintenant l'histoire se concentrait sur notre jeune lieutenant) déconcerte un poil jusqu'à ce que vers la fin on comprenne l'impact de cette relation sur l'esprit du jeune lieutenant. La miss Deanna commence donc par lui raconter la nuit où son mari a commis un meurtre ; ce mari qu'elle aime tant, mais qui ne lui confie rien quant à cet acte, fait alors preuve de ses premières sautes d'humeur. Lors du second flash-back, elle s'attache à conter le début de leur romance, de leur rencontre par hasard dans cette salle de concert aux multiples rendez-vous qu'ils se donnent dans ces lieux très ombrageux de la Nouvelle Orléans ; le décor est certes souvent ténébreux, mais le ton du récit de nos deux amants qui n'ont d'yeux que l'un pour l'autre demeure relativement léger, voire d'un romantisme "suranné". Pour Deanna, la grande épreuve consiste à rencontrer la mère de Gene (remarquable Gale Sondergaard) qui va donner sa bénédiction à ce mariage. Elle pense que la jeune femme saura assagir son fils qui derrière son sourire charmant cache une passion destructrice pour le jeu. Malgré tout l'amour que Deanna a pour son homme, elle ne saura l'empêcher de commettre l'irréparable et devra subir dans la foulée les foudres de cette mère ultra-protectrice... Une terrible déconvenue qui ne ternira néanmoins en rien sa passion.

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Cette histoire adaptée d'un roman de Somerset Maugham a le don de mêler plusieurs thématiques - celle de la trahison (le mariage de la promise du lieutenant), de la passion, de la fidélité puis de la jalousie (la relation Deanna/Gene), ou encore des liens de sang (la relation qualifiée de "pathologique" entre Gene et sa mère). Un récit qui, parallèlement, sait jouer à merveille des changements d'atmosphères (la pluie torrentielle du départ, l'ambiance feutrée dans cette "maison de rencontres", les rendez-vous nocturnes de Gene et Deanna dans ces décors typiques de la Nouvelle-Orléans, les séquences déjà évoquées dans cette immense cathédrale ou cette grandiose salle de concert...) et qui nous "prendrait tranquillement sous son charme" s'il n'y avait ces brusques montées de violence plutôt inattendues quand on connaît les personnages : les colères de Gene puis celles de la mère (terrible scène de la gifle...) sans parler de ce final qui coupe une patte. Peut-être, histoire de mettre un bémol, que la toute dernière image pourrait paraître un peu mièvre, ou disons plutôt, un tantinet démonstrative, mais j'avoue pour le reste m'être agréablement laissé prendre au jeu de cette oeuvre "sinueuse", romantique et tragique, - et magnifiquement filmée, avec notamment ces envolées de la caméra sur certains décors - de Siodmak. Vrai satisfecit, comme dirait mon camarade quand il peine (et moi de même), à conclure.

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Noir c'est noir, c'est

Commentaires
G
Z'êtes bien bon, Félix.
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F
Toujours aussi chouette votre site ! :)
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