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9 mars 2011

Flamme de mon Amour (Waga koi wa moenu) (1949) de Kenji Mizoguchi

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Même si je suis un poil à la bourre (c'était hier), voilà un film qui conviendrait parfaitement pour la Journée de la Femme. Mizoguchi, grand défenseur de la condition féminine devant l'éternel, nous livre une oeuvre (on ne peut plus démonstrative, il est vrai : difficile de passer à côté du message...) qui se déroule à la fin du XIXème siècle (1884 pour être précis), époque où les femmes n'étaient point à la fête... Mizoguchi annonce d'entrée de jeu la couleur (ce film est "un appel aux jeunes générations pour une véritable libération des femmes"), preuve que le combat est loin d'être terminé (Nico, c'est pour toi...). Jeunes femmes dominées ("Tu as oublié que tu étais une femme"... euh, nan...) ou vendues par leurs parents (si t'es po capable de faire un chtit sacrifice, t'es bien égoïste, dis donc), femmes abusées, avilies, emprisonnées, battues, violées, c'est un véritable catalogue de toutes les vilénies qu'elle peuvent subir auquel le cinéaste nous convie... On retrouve dans le rôle principal l'actrice fétiche de Mizoguchi, la ronde et pugnace Kinuyo Tanaka : une femme qui va connaître de multiples revers du sort mais qui ne va jamais cesser de croire en son combat. Si la thèse est lourdement appuyée, Mizoguchi sait heureusement se faire plus subtil dans sa mise en scène et la composition de ses cadres. Je garde malgré tout, encore et toujours, une sérieuse préférence pour la dernière partie de son oeuvre.

FlammeAmourPic1

On va suivre en particulier le destin parallèle de deux femmes (Eiko (Kinuyo Tanaka) et Chiyo (Mitsuko Mito)) qui vont quitter la ville de Okayama pour se rendre à Tokyo. Si celle-ci a été vendue par ses parents, celle-là quitte de son propre chef cette petite ville provinciale où tout avenir pour elle est fermé (son école a été fermée) : à Tokyo, elle espère retrouver son ami Hayase qui s'est engagé dans le Parti Libéral et pouvoir continuer ses études. Dès le début c'est un peu la douche froide, ce dernier ne semblant guère jouasse de cohabiter avec elle. Heureusement pour elle, l'un des responsables du Parti Libéral, Omoi, va la prendre sous son aile - il l'emploie dans le journal du parti - et cette dernière va s'engager à ses côtés dans la cause de ce parti progressiste. Chiyo est, de son côté, exploitée dans une usine de confection (terrible image que celle de cette pauvre femme, l'une de ses collègues, que l'on voit ligotée comme... un cocon - femme ou vers à soie, même combat...), les heures sup semblant consister à se faire violer... Elle se rebelle, met le feu à l'usine, croise la route de Eiko présente sur les lieux pour manifester contre les responsables de l'entreprise et les deux femmes de se retrouver en prison... En 1889, elles bénéficient d'une amnistie "pour les crimes d'Etat" suite à l'application d'une nouvelle constitution. Eiko retrouve Omoi (qui sort également de prison) pour continuer la lutte. Le parti d'Omoi triomphe aux élections, Eiko, qui s'est décidée à s'occuper dorénavant pleinement de Chiyo, l'emploie comme servante, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes... Euh nan, pasque cet enfoiré d'Omoi n'est pas du genre à être vraiment fidèle et la chtite Chiyo passe rapidement à la casserole... Eiko est outrée (roohhhh, ça va, tente-t-il de se défendre, toi, je t'aime, elle ce n'est jamais que... ben une simple concubine, tu vois - la classe) et balance un petit laïus qui n'aurait point détonné lors de la journée d'hier : "Tant que l'homme ne considèrera pas la femme comme un être humain à part entière et la considèrera comme un ustensile domestique, il n'y aura ni liberté, ni droits du peuple". Parfaitement. Elle est bien décidée à remonter une école (l'éducation des femmes, c'est la priorité, of course) et trouve en Chiyo une fidèle alliée... Omoi est vert.

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Mizoguchi aime à jouer avec les profondeurs de champ faisant passer son héroïne, face caméra, au second plan (lorsqu'elle arrive dans la pension à Tokyo où Hayase bat froid ses attentes) ou au premier (sur la fin, quand, devant Omoi, elle lui dit ses quatre vérités). On pourrait relever également, dès le départ du récit, après un fluide et magnifique travelling sur les barques (une activiste "féministe" y tient une réunion clandestine), ce joli plan qui commence sur l'activiste faisant part de ses convictions et la caméra d'inclure progressivement dans le champ Eiko, future disciple de cette femme. Le cinéaste alterne les discussions intimes et les soudaines montées de violence dont les femmes sont le plus souvent les premières victimes (plan signifiant que celui sur Eiko, allongée, les jambes nues, de traviole, après qu'un homme l'a violée, ou celui où, au milieu de ces flammes de l'enfer, elle crie sa rage). Les deux femmes finissent par faire front commun pour échapper à ce monde d'hommes qui d'une façon ou d'une autre (le plus souvent sexuellement) cherchent à profiter d'elles. Démonstratif, disais-je, certes, mais la cause semble, encore aujourd'hui, loin d'être entendue...

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