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Shangols
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25 mars 2010

Le Chevalier de la Vengeance (Son of Fury : The Story of Benjamin Blake) (1942) de John Cromwell

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Derrière ce titre français un peu pompier se cache une petite perle des années 40 produite par Zanuck, servie par un magnifique noir et blanc signé Arthur Miller (Man Hunt, Tobacco Road,...) et une bien jolie musique d'Alfred Newman, portée par un Tyrone Power héroïquissime, et enluminée par la présence de Gene Tierney en sirène des Mers du Sud. Le combat d'un homme pour reconquérir sa légitimité et son titre, mais surtout une histoire d'amouuuur romantique et "paradisiaque" à souhait (Gene Tierney est surnommée Eve par cet aventurier de Tyron : facile mais po mieux) avec en fond une petite leçon sur les rapports maître/servants absolument bienvenue. On pourrait reprocher au scénar d'être un poil prévisible, mais cette petite réserve est facilement oblitérée par ce bel esprit d'aventures qui anime cette oeuvre tout du long. Une belle échappée en "territoire inconnu" doublée d'une recherche salvatrice de la liberté qui apporte sa petite bouffée d'oxygène avant même que la guerre, tintintin, éclate.

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Benjamin Blake (photogénie diabolique du gamin) est orphelin et se retrouve aux bons soins de son grand-père fabricant d'armes à feu. Il pourrait couler des jours paisibles dans cette petite boutique, mais voilà que débarque son oncle, gentleman-fighter (excellent George Sanders qui nous fait apprécier sa musculature et son air arrogant), homme richissime qui décide de s'occuper de son neveu - l'histoire court que Benjamin se devrait d'être l'héritier du domaine familial, mais en l'absence de toute preuve du mariage de son père (parti et mort aux Indes) et donc des droits du gamin, aucun recours ne semble possible. On pense que son oncle va éduquer le gamin en bonne et due forme, que dalle, sitôt arrivé Ben prend le chemin de écuries et ne tarde point à mordre la poussière sous les coups du jeune chef palefrenier. Le temps passe, Ben a grandi, est amoureux de... sa cousine germaine Isabel (Frances Farmer, joli minois de blonde sophistiquée) et va forcément subir à nouveau le courroux de son oncle. Les deux hommes sont à deux doigts de s'entretuer et Ben décide de mettre les bouts pour partir sur les traces de son père aux Indes...

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Il rencontre sur le navire un certain Caleb Green (John Carradine et son physique décharné) qui lui parle d'une île où l'on peut trouver des perles grosses comme celles de la tour de Shanghai. Ben et Caleb, arrivés en vue de cette terre, se font la malle en catimini, et après un petit rituel pour être pacifiquement acceptés (Ben montre ses coups de fouets dans le dos, ce qui marque des points, nos habitants ayant auparavant croisé la route de conquérants espagnols...) s'installent dans l'île... Outre les perles des fonds marins, s'en trouve une autre en surface, Gene Tierney. Même si elle parle po un mot d'anglais et se dit volontiers "stweupid", Ben la prend sous son aile, décide de lui apprendre la langue avec une méthode dont je doute du bien fondé mais qui marche, ou de lui apprendre à se servir d'un couteau et d'une fourchette : la belle est maladroite et Ben voit bien que, nom de Dieu, manger avec la main demeure tout de même plus pratique. Vie idyllique, ouais, jusqu'à ce qu'un navire pointe à l'horizon : Ben décide alors d'abandonner sa conquête; reste à savoir si la vie de château lui conviendra mieux que celle sur le sable...

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De la noirceur d'une Angleterre sclérosée et fondamentalement injuste, on passe à l'univers du paradis blanc polynésien, et même si les "figurants" de cette île sont bien pâles pour nous faire croire qu'ils en viennent, on ferme les yeux sur ce fait en prenant volontiers les sunlights des studios pour des rayons de soleil des antipodes. Gene Tierney, j'en conviens, joue un peu les potiches de luxe, a bien du mal à ouvrir les yeux sous l'eau (tentons de rester un poil lucide...) mais son sourire, d'une innocence d'avant la création du monde et même des lézards, fait aisément avaler tout le reste, les huîtres avec les perles. Tyrone, le sourcil sombre mais l'âme pure comme ces eaux claires, n'oubliera pas de "libérer" les siens (je vous raconte po tout quand même) sans jamais tomber dans l'appât du gain. C'est bien emballé, les décors ne trompent jamais sur la marchandise, et ce récit possède un tel parfum d'aventures qu'il est difficile de ne point y prendre un plaisir nacré. Sympathique petite découverte que me vaut l'exploration de la filmographie de Gene.   

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