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23 mars 2010

Faux Semblants (Dead Ringers) de David Cronenberg - 1988

vlcsnap_2010_03_22_20h40m27s70David Cronenberg, il faut bien se le dire, ça a méchament vieilli... En atteste ce mythique Dead Ringers, considéré par beaucoup comme un sommet de son oeuvre, et qui vient tout bonnement de me tomber des yeux. J'en suis le premier désolé, mais ce film accuse rudement ses 20 ans d'âge, et ressemble aujourd'hui à une de ces choses fashion et cheap définitivement enterrée dans son époque.

A grands coups de motifs freudiens lourdement exposés, Cronenberg s'attache à son éternelle thématique : les corps, leurs mutations, ce mélange de dégoût et d'attirance qu'ils déclenchent, le tout débouchant sur une réflexion psychologique complexe. Deux jumeaux gynécologues, liés irréversiblement l'un à l'autre, la déchéance physique de l'un entraînant doucement les deux vers un anéantissement moral et corporel... Joli sujet, certes, et que Cronenberg traite à travers une mise en scène vlcsnap_2010_03_22_20h51m39s130élégante et très sophistiquée : très grande lenteur des mouvements de caméra, accompagnés par la musique planante et froide d'Howard Shore, fascination en gros plan pour les aberrations physiques qu'il mèle habilement avec la brillance métallique des décors et des accessoires, opacité du jeu des acteurs, imprégnation étrange de l'univers urbain à l'intérieur du subconscient des héros,... On ne peut guère reprocher au cinéaste la beauté glaciale de sa mise en scène, parfaitement au service du sujet.

Mais ce qui désespère là-dedans, c'est ce scénario appliqué et trop lisible, qui prend trop de temps pour arriver au coeur de son sujet, et devient une sorte de "Freud pour les nuls" assez laborieux. On comprend dès la scène d'ouverture ce qui va être l'enjeu de cette histoire : comment deux jumeaux vont-ils parvenir à se séparer, à trouver chacun leur voie et leur personnalité ? L'ennui, c'est que Dead Ringers, toujours en retard par rapport au spectateur, s'étire dans de trop vlcsnap_2010_03_22_21h26m31s60clinquantes séquences explicatives et lourdement symboliques, là où on aimerait qu'il passe le braquet et nous entraîne vers le malsain et le dérangeant. Dérangeant, le film ne l'est pas, ou ne l'est plus depuis longtemps. A force de lenteur et de sophistication, il devient un simple objet même pas conceptuel, un peu fashion, un peu "magazine de mode", à deux doigts du clipesque même, n'offrant jamais le contrepoint glauque nécessaire (sauf dans les toutes dernières séquences). Ca ressemble à un travail de bon élève, finalement, à l'image du jeu de Jeremy Irons, scolaire, gavant de construction, dont on voit les ficelles mais jamais la sincérité. Dans ce rôle à Oscar, il est souvent pénible, bien plus convaincant d'ailleurs en dandy cynique qu'en torturé intérieur. techniquement, pour finir, les effets spéciaux très datés sont assez malhabiles (deux Irons dans le même plan = un figurant qui cache son visage) et désamorcent l'inquiétude que Cronenberg vise évidemment. On regarde ce film tranquillement, avec un vague ennui poli, alors qu'on aurait aimé, comme ce sera le cas dans Crash ou ExistenZ, être mal à l'aise et révolté. Un film lisse : de la part de Cronenberg, un comble...

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