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23 mars 2010

Adieu Gary de Nassim Amaouche - 2009

Adieu_Gary5_02Voilà le genre de films indiscutables, auxquels on ne peut absolument rien reprocher, sauf peut-être de manquer un peu de cojones. Pour un premier film, c'est même remarquable de parvenir à une telle pudeur de sentiments, à une telle dentelle dans le regard. Amaouche marche sur les petits chemins modestes de la chronique sociale, avec ce que ça comporte de personnages attachants, de portraits doux-amers, de quotidien finement tracé, et réussit un vrai film d'atmosphère : petit village ouvrier abandonné à lui-même, avec son petit trafiquant pas méchant, son voisin mutique, sa solidarité entre habitants, ses ados qui s'ennuient, son idiot et ses vagues histoires de fesses sans conséquence. Sans bruit, sans jamais se mettre devant son sujet, le cinéaste réussit à parler du monde moderne tel qu'il est (chômage, intégration, fossé des générations...) par le plus petit et le plus attachant bout de la lorgnette : les gens, leurs grandeurs, leurs faiblesses, leur tendresse et leur petitesse.

adieu_gary_4C'est donc très joli, d'autant que la mise en scène, constituée de vignettes ensoleillées ne filmant souvent que de minuscules anecdotes, est bien rythmée. Amaouche raconte son histoire simplement, dirigeant ses acteurs vers une sobriété précise, n'en rajoutant jamais dans le pathos, toujours au taquet quand il s'agit de savoir à quel moment couper, où prolonger un plan, comment agencer deux scènes pour décupler le sentiment. Si les dialogues sont souvent trop explicatifs, sa bande de comédiens est suffisamment talentueuse pour les faire passer comme une lettre à la poste : Bacri bacrise, mais est toujours présent dans les scènes subtiles de non-dit et de sentiment enfoui ; Yasmine Belmadi est absolument parfait en représentant d'une jeunesse perdue mais espérant encore ; et le reste de la troupe dessine une galerie de portraits vraiment attachante.

adieu_gary_le_filmSeulement, voilà : comme tous les films de ce genre, on a un peu l'impression de rester dans le domaine du "gentil", du garçon concerné et sage qui ne salit pas la nappe. C'est purement un film d'acteurs, mais on aimerait aussi que Amaouche montre autre chose que son talent à les diriger : un courage un peu plus prononcé pour prendre son sujet à bras-le-corps, par exemple, un discours un peu moins consensuel. On aimerait aussi qu'il laisse tomber cette écriture trop démonstrative, qui veut trop expliquer sans faire confiance au public : la transmission de génération à génération qui passe par une machine réparée par un père et son fils, une conversation premier degré sur l'intégration impossible des jeunes Maghrébins de la seconde génération, le société de consommation attaquée par le seul biais d'un patron de supermarché humiliant sans le concevoir vraiment ses employés... C'est juste, je ne dis pas, mais c'est aussi trop simpliste pour constituer vraiment un discours personnel. Tel quel, Adieu Gary est un objet innocent : joli, mais trop huilé, trop poli, qui dit trop facilement merci à la dame. Attachant, cela dit...  (Gols 29/08/09)


Chronique douce-amère comme on dit d'une petite communauté au milieu de nulle part qui tente doucettement de se remettre sur les rails. C'est tenu, d'une belle sobriété, sans prétention, sans véritable "poil à gratter" certes, mais "joliment" illustré. Une séquence ozuesque où le père et le fils se retrouvent à mimer les mêmes gestes pour tenter de adieu_gary_affiche_208542_25349retrouver des automatismes, une machine remise en route dont les échos pourraient redonner le tempo à cette communauté, un magicien qui vient redonner le sourire à des enfants en vadrouille, un Bacri cooperisé qui parvient à exorciser des fantômes, un joueur de cartes qui, grâce au vent, tente de ranimer le souvenir de son ancien partenaire,... un sympathique chapelet de petites saynètes où, malgré le marasme ambiant, chacun semble se dire qu'il suffit d'y croire pour que tout devienne à nouveau possible. Ca va peut-être guère plus loin que cela, mais la densité de chaque personnage - de cette jeune fille d'une sensualité intense à ce jeune homme qui ne veut point avoir quitté la prison pour se retrouver à nouveau derrière des barreaux - donne corps à cette historiette contemporaine magnifiquement "mise en lumière". Un premier film qui marque en effet des points en attendant peut-être une plus grande prise de risque de la part d'Amaouche pour son prochain opus.   (Shang 23/03/10)

 

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